Je cherche l'homme qui irait bien à ma vie...
Non je ne cherche pas, je voudrais le croiser...
Enfin, nos regards se croiser.
Ce moment subtil où la curiosité ronge, quand un regard interroge, ce frisson au creux du ventre d'aller vers...
Ce désir fou de se lancer mais cette peur évidente de l'échec, de la fin, de la douleur, de la rancur, même si le torse bombée j'avance, une main qui balaie les mauvais souvenirs, les souvenirs blessants, humiliants, les souvenirs déstabilisants mais j'existe.
Je suis, avec mes maladresses, leurs malhonnêtetés, leurs bêtises et ma crédulité. La peur donc, mais l'envie encore de ne pas en rester là, ils n'auront pas ma peau. Je ne suis pas femme à croire que je ne suis là pour personne.
Son regard, je le désir si profond que mon ventre l'imagine bien plus que mon cerveau, j'ai besoin de sentir cette animalité, ce désir profond d'être pour l'autre son inéluctable, qu'il soit mon indispensable. Je voudrais ressentir une atmosphère d'intense émotion, comme un brouillard troublant mes mots et les siens, une timidité adolescente, comme si neuves nos âmes redevenaient.
Croiser ce regard et vouloir...
Ne plus vouloir qu'il disparaisse de ma vision, sans pour autant être poison, je le souhaiterait vivant en moi, me secouant dans toutes mes vérités, mes oppositions, mes aberrations. Cet instant serait déterminant.
Ni un pas en avant, ni un pas en arrière, je reste là, relâchant les muscles de ma mâchoire, la tête à droite, la tête à gauche, mes cervicales claque en un bruit sourd comme si je peçois à demi mot les prémices d'une union émouvante, mon seul combat : l'écoute du moment.
L'homme qui croiserait mon chemin, devrait ralentir, se retourner et s'arrêter. Idéalement, il devrait faire marche arrière, comme on remonte le fil d'un instant, et, nos visages à hauteur de nos yeux, il m'obligerait à l'affronter, à affronter la peur qu'il disparaisse en un éclair de corps à corps.
L'homme qui irait bien à ma vie, arrêterait le cours de la sienne le temps d'une pause, d'un silence, d'une émotion, puis conscients d'être là l'un pour l'autre, c'est face à face que nous engagerions notre première expédition vers l'inconnue. Il me parlerait, je lui répondrais, le menton posait sur mes mains en fleur, je l'écouterais, je l'écouterais attentivement, consciencieusement, précisément. Car cet homme là, ne pourrait me mentir, si attentive à chacune de nos connections possibles, je ne remettrait pas en question ce que je suis et ce qu'il est. Nous ne pourrions nous manquer de sincérité tant nos yeux nous trahiraient.
Inutile de faire semblant, si nos regards se croisent, je saurais, tu sauras.
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