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Vêtements par BARDAMU

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Vieilles femmes de noir et d’ennui vêtues Jeunes femmes de peine et de noir fardées Si je peins une femme rouge Je crois que ça n’est pas pour rien C’est à vous en la créant que j’ai songé Sur le marbre des poudres vives j’ai broyé Sous mes doigts j’ai senti son ventre ému S’arrondir amant d’une cerise ardente Des rouges-gorges jouaient entre ses cuisses Et moi je voulais tant Je voulais redonner aux femmes mon sang Des couleurs dont la guerre que se font les hommes Les a privés des couleurs comme Coquelicot braise rubis soleil levant Des couleurs qu’elles ont connues dont elles puissent Tout entières se souvenir et se vêtir Et moi je voulais tant Teindre des couvertures de laine écrue Dans un bassin de pourpre les tremper Pour les en couvrir lorsque le froid les a pris Après la longue vie sans amants sans amis Et moi je voulais tant Couper dans des rideaux des robes de rubis Qu’elles mettraient se moquant des guerres des hommes Couper aux champs des brassées de coquelicots Couronnes dans leurs cheveux volant au vent Si j’ai peint une femme en rouge Je crois que ça n’est pas pour rien Sous mes doigts j’ai senti la bouche émue S’ouvrir amante d’une braise ardente Croquant comme cerise le soleil levant Et moi je voulais tant Redonner aux femmes mon sang Vieilles femmes vêtues de noir Jeunes femmes vêtues d’ennui Des couleurs fières des couleurs comme Braise rubis soleil levant coquelicot Et moi je voulais tant Être le premier à teindre de mes mots Sur le seuil du vent des vêtements nouveaux.

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