Lorigine du fantasme de linfirmière chez lhomme est compréhensible.
A première vue elle incarne tout ce dont il peut rêver.
Dune part elle soigne, elle apaise, dautre part elle impose les médicaments, les piqures.
Figure de douceur et dautorité cest la figure maternelle par excellence.
Et comme elle est entièrement nue sous sa blouse, elle pourrait nous donner facilement le sein.
Mais en réfléchissant un neurone plus loin, la compréhension balbutie : le contact avec linfirmière suppose au préalable quon ne soit pas dans un état terrible-terrible, provisoirement ou définitivement.
Simaginer tripoter linfirmière cest le propre du type en bonne santé qui rêve dêtre malade parce quêtre malade cest pas grave quand on est en bonne santé.
C'est une pensée qui se mord la queue.
Et que le type qui se mord ainsi la queue prenne garde à ne pas finir à lhôpital pour des problèmes de dos.
Il verrait que son inconséquence lui a joué un tour (de rein) plutôt que lui offrir den donner des coups (de reins) pour lutiner linfirmière.
Car les films que jai vus sur linfirmière pour me documenter - surjoués comme tous les films muets - (Sévices de nuit à la clinique, Ovaire-dose au dispensaire, Coloscopie transcendantale) infirmeraient sa supposition : le cinéma cest du cinéma, du grand nimporte quoi. Ça ne se passe jamais comme ça dans la vraie vie.
Non, vraiment je dois dire quil ny a que la scène finale de « Quand lambulancière fait le plein
» où le docteur palpe avec son thermomètre les plantureuses prothèses pip de Clara, la naïve garde-malade, qui mait parue assez convaincante. Mais là on assiste pas au fantasme de lhomme pour linfirmière, mais celui de linfirmière pour le docteur, ce qui est tout autre chose.
Lors de mes séjours à lhôpital, les visites des infirmières ne mont jamais suscité le moindre ébranlement viril.
Au contraire : hontes, suées abondantes, resserrement des sphincters, trouillomètre à zéro : elles vous mettent le suppo, vous emmènent au bloc-opératoire, découvrent que vous vous êtes pissé dessus durant la nuit.
Quand vous êtes réduit en poudre, les os broyés par un camion, ou à létat de loque suite à une dysentrie, voire dune fibromyalgie (évocation succincte, cen est aussi la douloureuse journée), vous nêtes pas dans les meilleures dispositions pour expérimenter la brouette de zanzibar.
Ainsi donc, après ce long préambule, jen viens en trois temps à lexposé de ma thèse démontrant la mascarade qui consiste à promouvoir une journée en faveur de linfirmière :
1) On aura compris que, pour le commun des mortels (quand cest moins grave, pour le commun des malades) le fantasme sur linfirmière cest un fantasme appliqué à une figure dautorité.
2) On aura vu quà ce titre, comme toute figure dautorité, elle suscite un désir de renversement. En loccurrence la culbute.
3) On conclura avec moi que la journée mondiale de linfirmière nest rien dautre quun complot des puissants afin de dévier sur ces pauvres innocentes nos fantasmes de renversement dominant-dominé, une journée instituée par ceux qui craignent la vindicte du peuple, une journée où on lui livre en pâture une figure autoritaire de substitution pour satisfaire son excitation.
CQFD
Pauvre infirmière, jouet des dictateurs et de notre ignorance
Tu es aussi utile que le pain pour calmer les révolutions !
« Du pain, du vin et des bourses pour les infirmières » (un certain fromage persillé - dictature industrielle)
« Il ny a plus de pain ? Quon leur donne des infirmières ! » (Marie-Antoinette - dictature politique)
« Tu mangeras ton pain à la sueur de ton infirmière (Moïse dictature religieuse)
Mais un jour !
MAIS UN JOUR !!
Tyrans de tous poils.. Craignez que la piétaille lassée de vos subterfuges ne vous embroche par tous les trous, que vous ne finissiez agonisants sous les doigts courroucés dune infirmière du peuple sans-culotte.
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