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La Valeur Travail par Borzage

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Un récent article publié ici écrit par un doux rêveur de notre beau Sud-ouest et les commentaires qu’il a générés m’ont incité à écrire le texte qui suit, consacré à la « Valeur-Travail ». Je précise d’entrée que je ne me mêlerai pas aux commentaires, car ne pouvant, pour des raisons techniques inconnues de moi, réagir « en direct » ; toutefois, je pourrais éventuellement le faire « en privé ». A travers les âges, et même en restant dans les limites de la France, le Travail a vu sa côte aller du plus haut au plus bas. Les exemples sont nombreux d’expressions qui soit le stigmatisent soit le portent aux nues. Juste deux, avant de démarrer : « Travail, Famille, Patrie » et « Le travail c’est la santé, rien faire c’est la conserver ». Une des questions qui se pose est de savoir si le travail assure la « survie » de l’homme voire sa « dignité » et une autre de savoir s’il est le seul à pouvoir le faire. Les réponses sont nécessairement nombreuses et diverses parce que tout le monde ne regarde pas « du même endroit » et parce que le sens hautement élastique du mot travail prête à toutes les prises de position. Pour tenter de « déblayer le terrain » ( sacré boulot ! ), j’ai d’abord essayé de répondre à une question simple : « Le travail, pour quoi faire ? ». Du point de vue de l’individu, les réponses vont être multiples. Mais si l’on essaye de répondre du point de vue de la « collectivité » ( terme plus neutre et plus juste ici je crois que le terme « Société » ), comme par enchantement, la réponse vient toute seule : « Le travail, c’est la vie ». Les économistes, les politologues et d’autres catégories de gens très bien et très cultivés débattent depuis que le monde est monde ( même si on les appelait autrement au début ) de ce qui fait la richesse d’une nation, d’un peuple, d’une ville … Beaucoup expliquent qu’il faut mélanger la valeur Travail à la valeur Capital pour produire de la richesse. Certains ont même cru, il ya peu, pouvoir créer de la richesse sans rien, juste avec ce qu’ils appelaient une bulle : la bulle leur a pété à la figure et ils ne l’avaient pas volé ! Pas grave, d’autres depuis se sont remis … au travail ( si je puis dire ! ) et connaitront le même succès … Tous ces gens ont bien tort de perdre ainsi leur temps. La richesse, soit elle existe dans la nature, à l’état brut ( dans ce cas, c’est … le Créateur qui a fait le travail ! ), soit elle est créée par le Travail …. Et par lui seul. Imaginez un tas de milliardaires réunis par Oncle Picsou autour de son tas d’or. Tout autour du bunker, ou si vous préférez du coffre-fort du dit tonton, les travailleurs ont décidé de cesser le travail. Définitivement. Certes, il y a quelques stocks de boîtes de conserve et des bouteilles de breuvage made in USA pour subsister quelques temps. Mais bien vite, certains en viennent à regretter le bon pain tout chaud dont le boulanger savait si bien travailler la pâte, et puis le dentiste qui n’est plus là pour soigner cette putain de dent cariée ( ça fait mal ! ), et même les fruits, il n’y en a plus puisque les arbres après un vote à l’écrasante majorité en assemblée plénière ont décidé, par solidarité avec les travailleurs, de ne plus produire non plus. Bref, au bout de quelques semaines, Oncle Picsou et sa bande se retrouvent devant cette alternative : se retrousser les manches … ou crever ! Même si certains d’entre eux ne l’ont jamais fait, ils vont apprendre. Sur le tard et sur le tas. Et ils vont tout réinventer : la cueillette, la chasse, le feu et même à faire des bébés pour ceux qui l’ignoraient : et oui, là aussi, il y a du travail … Les tas de pièces d’or de l’oncle ne servant absolument plus à rien, elles sont bientôt ensevelis sous la végétation . Dans quelques millénaires, des archéologues les découvriront … Autrement dit, avec du travail on peut tout créer, y compris extraire de l’or des sous-sols de la terre. Avec du fric, seulement avec du fric, nada ! Non seulement le travail est indispensable à la vie mais il est, quasi à lui seul, la vie. Ca, c’est la vision « collective » des choses. D’un autre côté, j’entends chanter : « Chacun, sur terre, se fout, se fout, des p’tites misères de son voisin du d’sous ». Autrement dit, « nous, on n’est pas des collectivistes et on ne veut travailler ni pour des prunes ni pour le Roi de Prusse ». D’autant que la royauté a été abolie. En Prusse aussi. D’un point de vue individuel, si l’on n’y prend garde, répondre à la question va être un vrai foutoir. Et la raison en est simple, c’est une question que l’on ne doit pas poser « d’un point de vue individuel ». Puisque le travail est à usage collectif. A la question : « Est-ce que chacun doit travailler ? », la réponse est donc simple : « Bien sur, si c’est utile à la collectivité ». C’est cette notion fondamentale de participation de chacun à l’œuvre commune, aussi bien par le travail que par d’ailleurs le paiement d’impôts, qui est aujourd’hui au cœur de la question. Car ceux qui ont assis leur richesse personnelle et leur pouvoir en profitant de la collectivité, voire en la spoliant, n’ont de cesse de les conserver et même de les accroître en niant jusqu’à la notion même de collectivité. L’individualisme érigé en vertu majeure, le communautarisme à géométrie variable, le culte de l’argent érigé en quasi dogme d’Etat, les « faire travailler les autres plus pour moi gagner plus » et autres infamies, voilà le terreau qu’on nous propose aujourd’hui. Il faut le refuser et mettre de la bonne terre à la place de celle-là, toute fétide. Il va en falloir des brouettes et des mouvements de bêche, mais c’est comme pour tout : avec un peu d’organisation, on y arrive … Et un brin de discipline. Et beaucoup de travail, oui, désolé, mais celui-là on peut aller se le chercher nous même sans passer par l’Anpe. Et la nécessaire liberté de l’artiste à créer ce qui lui passe par la tête ? Elle n’est pas incompatible avec la Collectivité puisque justement elle profite, à terme, à celle-ci. Et mon désir à moi de ne pas travailler ? Il sera pris en compte, on te filera même un revenu universel , camarade , comme à ceux qui travaillent, l’important, vois-tu, c’est que tu sois solidaire des autres comme ils sont solidaires de toi. Parce qu’il n’y a que deux façons de faire vivre une collectivité : avec des maîtres et des esclaves, ou avec des gens solidaires les uns des autres. Ah bon, et alors, aujourd’hui, c’est comment ? Devine !

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