Tout, pourtant, paraît naturel. On se rencontre, on s'aime, c'est pour la vie
c'est la nature
Mais, il semble que, souvent, sans doute à cause d'une erreur de perspective, Cupidon perde son pidon et qu'après l'eau de rose, tout va à vau l'eau
Bon. Moi, je dis : "In-jus-ti-ce-!" Le monde est mal fait. Tout devrait couler de source. Pourquoi y en a-t-il qui réussissent et pas d'autres ? Quel mérite pour celui-ci, pour celle-là ? Qu'ont-ils fait pour mériter le bonheur, ces imbéciles ? Si on faisait un référendum, combien trouverait-on de gens heureux ? Non, l'amour, c'est un gros élitiste. Pire
pire ! Je dénonce l'imposture : s'il était vraiment l'amour, il se donnerait à tout le monde sans discernement, au lieu de sélectionner sur des critères impénétrables
Or, on le voit bien, il ne se donne pas à tous ; il y a sélection, calcul, préméditation
il y a
intrigue, commerce !!! L'amour n'existe pas
et s'il existe, il n'est pas bon
Oui, parce que, si l'amour était vraiment bon, il n'y aurait pas de gens malheureux en amour
S'il y en a, c'est que soit l'amour n'existe pas (donc ceux qui prétendent le vivre mentent et n'inventent l'amour qu'à seule fin de conjurer leur peur de la solitude et de son ennui mortel) ; soit il existe, mais il est mauvais
On pourrait alors me rétorquer que non, pas tant que ça, puisque certaines personnes le connaissent et s'en portent comme des charmes
Superficiellement, cette remarque semble valable, mais on ne me la fait pas à moi
Le prétendu amour n'est qu'un vilain farceur et je le prouve incontinent : s'il se donne à peu de gens en laissant les autres sur la paille (ou sur la poutre), c'est pour faire monter les enchères, susciter l'envie, entraînant la zizanie, la jalousie, l'aigreur et la haine
la division entre les êtres pour finir
Oui, il y a un méchant diablotin, derrière cette odieuse farce, qui poursuit une finalité qui nous dépasse et dont nous sommes les gras dindons
La solution : l'amour n'est ni bon ni mauvais
il est impitoyablement nécessaire
il est là, à fins de préservation de la vie et nous contraint, dans ce seul but, à l'accouplement. On pourrait toujours résister et dire, stoïques : "Fontaine, je ne boirai pas de ton jus !"
ce serait trop simple. Il nous enivre, nous lubrifie, nous embaume, nous roule dans la farine pour nous foutre dans le pétrin ; et chaque fois, comme des cons, on gobe
Après, une fois l'oeuvre accompli, qu'importent nos joies, qu'importent nos peines
Le grand estomac qui digère nos volontés, nos sentiments
nos vies
a obtenu que nous capitulions, esclaves heureux
pour quelques courts instants d'illusion
C'est injuste
c'est vraiment trop injuste !
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