Jaime bien Nicolas Bouvier , je saute du coq à lâne et je suis un fils de pute.
Fils du diable , on dit ici plutôt.
Ördög fiúka , phonétiquement, ça sonne mieux dans lidiome local, moins vulgaire aussi .
Cest plus fort que moi, je creuse lorsque je me sens un peu seul.
Lui, il joue encore et toujours au même stupide jeu vidéo, parfois pour ne pas penser.
Certains boivent, lui pas, ou en compagnie du vin blanc dici.
Je repense à mes lectures nocturnes lorsquil est là , ou me sauve pour loccuper un peu.
Un gros faible en ce moment pour Danube, le bouquin de Claudio Magris, à mon age on relit pas mal, et pour le fleuve aussi en fait.
Cest fou ce quil y a comme accès aisés, et dun saut on sen extrait.
Ceci dit ,comme le Jourdain , cest très surestimé.
Des moustiques en nuées, et pas si bleu, non plus.
Quant à moi, qui ne prête aux couleurs et aux bestioles volantes quune attention distraite, je men moque comme de ma première citronnelle.
Malgré mes 14 ans et mes reins fatigués, jaime bien folâtrer dans ce fleuve féminin, la Duna comme dans une Loire expatriée.
Sans savoir nager, ou pas trop.
Je devrais, jai des origines et même un pedigree.
Lui ne le sait pas, ma longtemps cru un corniaud, je ten f.. des corniauds moi.
Border collie on dit, chien de frontière.
Un pionnier.
Doit être pour cela que je creuse et patauge.
Jaime bien souiller sa bagnole, un gros faible, juste avant le retour de ballade.
Plus par principe, histoire de poser un peu qui commande ici.
Pas vraiment du sadisme.
Je me montre pénible, cest tout.
Comme un devoir un peu las.
Je lentends penser.
Rarement palpitant, mais ça tient compagnie un homme.
Au réveil parfois si.
La nicotine irrigue dun coup les neurones sevrés durant la nuit, et il a quelques minutes de génie, ou au moins un instant fugace de talent, sur un mode récurrent, certes mais à ce moment je me moque un peu de ses élans synthétiques.
Jattends mes croquettes, pas Dumézil ou Adam Smith, et je me contrefiche du devenir de lutopie européenne.
La gamelle est le lieu géométrique de mes désirs pour parler couillon.
Vous connaissez des lieux pas géométriques, vous ?
La nourriture, faute de roubignolles, de burnes, de testicules, de gonades.
Je entends encore rire la vétérinaire :
« Je dois lui en couper une. Pas descendue, il aura un cancer dans trois ans, je glisse sur lautre ou joublie ? »
Elle a glissé et depuis je boulotte je goinfre, je mendie je rackette et je baffre.
De crapuleries point, et ses galipettes ne mintéressent que par temps chaud.
Le sel.
Le sel de la sueur pour éviter la déshydratation.
Le noir, cest chic, surtout assorti à ses éternels polos noirs et aux véhicules dici à lallure un peu maffieuse vue de chez vous, mais ça tient chaud par un été continental.
Je lèche donc, sans élan, avec parcimonie.
Jaime un peu ces odeurs démois humains, sans en raffoler.
Comme un détachement à cet égard.
Toujours cette histoire de dérapage du scalpel entre mes pattes arrière.
Je vois donc cela dune truffe au prisme intellectuel.
Lhistoire du commerce du sel, ses routes, Tombouctou, Guérande, Brouage, Lubeck.
Un chien hanséate, oui , les fluides corporels dune autre espèce sans plus, ou alors par pure nécessité diététique, en esthète.
↧