Les eucalyptus ploient comme une invitation à une ballade dans la direction vers laquelle ils se penchent. Alors je ne résiste pas, je marche vers le couchant comme j'aime le faire, vers l'inconnu.
« Farenji, farenji ! » est le premier cri qui m'accueille, un bout de chou rieur accourt vers moi pour me serrer la main. Ce cri-là ne me quittera plus, c'est l'heure de la sortie des classes et des collines dévalent des petites enfants portant la plupart l'uniforme de leur école, à la main pour certains une cantine métallique qui doit contenir le repas de midi, seuls ou accompagnés d'adultes.
Certains viennent dès qu'ils me voient me serrer la main, d'autres crient excités mais ils semblent intimidés quand je leur tends la main, et la prennent à la fois craintifs et ravis.
Une fillette tête rasée recouverte d'un petit foulard, très fine et vive, se présente ainsi que ses deux copines qui elles arborent de jolies tresses, me demande mon nom et m'adopte. Une s'est emparée de ma main et une autre de mon bras sous les yeux rieurs des adultes qui passent à proximité.
Elles ne me lâchent que quand on arrive à proximité de l'église pour aller poser leur front contre le mur d'enceinte comme semblent le faire tous ceux qui passent alentour.
L'église orthodoxe, imposante et colorée est entourée d'un jardin et de divers bâtiments dont une école. C'est de cette église que s'échappent une fois par semaine des chants religieux que l'on entend toute la nuit !
Puis les petites filles m'abandonnent, je poursuis mon chemin, aperçois des femmes qui tirent l'eau d'un puits, paradoxe de cette ville où se mélangent modernité et pratiques traditionnelles, où l'on peut voir alentour un jeune paysan moissonnant à la faucille, sortir son portable, où ordinateurs aperçus dans les banques, bureaux ou boutiques vont de paire avec bufs et araires pour la culture des champs. Sur les grands axes asphaltés ou pavés de la ville ou sur les rues transversales à l'état de pistes, se croisent des 4X4, des camions, les tuk tuk (ou bajaje importés d'Inde ou de Chine qui sillonnent inlassablement les collines transportant leurs clients) et les charettes tirées par ânes ou mulets, les troupeaux de vaches ou quelques longues caravanes de dromadaires.
Il en est de même des tenues des jeunes filles, les étudiantes se fondraient sans problème dans nos rues occidentales, jean taille basse et petits hauts moulants tandis que les employées vont en tailleur jupe un peu suranné et que les paysannes sont vêtus de robes serrées à la taille avec la coiffure traditionnelle, tresses sur le haut du crane et le reste libre coupé au carré ; certaines encore ont des tenues fluides couleur du temps, un tissu sur les épaules ou une coiffe sur les cheveux, c'est elles qui ont un port et une allure de reine.
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