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Il y a toujours au fond de toi un tourment qui dort par Zulma

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Nous avons beau faire, beau dire, nous avons beau arracher à la nuit des cris de plaisir, il y a toujours, vivant en toi, un tourment qui dort. J’ai dansé nue entre tes mains, tu disais que le corps des femmes dénie l’absurde, que la chair qui tremble détrône la vanité de son siège royal, tu disais : viens contre moi, danse sur moi, reste là. L’aube qui fut celle de notre communion tardait à venir. La lumière de novembre est si courte. Elle vint enfin, mais nous trouva fades. Nous avons beau danser sur nos tourments, nous sommes faits de lassitude et de fatigue. Nous sommes faits d'épuisements. Nous sommes faits de frêle ossature. Et pourtant, toujours, survivant aux saisons, un tourment qui dort. J’ai dansé nue entre tes attentes, tu disais que l’illusion dénie la mort, que le rêve qui tremble hypothèque au néant ses pompeux royaumes, tu disais : ne viens pas, fais moi encore rêver, montre moi de quelle manière tu t’y prends pour m’arracher au tourment. Les longues nuits de Novembre nous mirent souvent face à face, nous ne pouvions plus compter sur le jour pour nous dériver vers nous mêmes. Ton tourment s’éveilla, vif comme un enfant qui naît à la mort des feuilles ; nous allions vers un hiver difficile. C'était comme une maladie, c'était comme la maladie de la mort, c'était comme quelque chose qu'on ne veut pas soigner, il y avait en toi une peine immense, insoluble, cela te rendait volcanique, tu me rappelais Geoffrey Firmin à Quauhnahuac. Tu me rappelais toutes les danses que j'avais offertes aux hommes pris dans les tourments des grandes lassitudes. Tu me rappelais combien je les aimais, et l'impossibilité qui était mienne de ne rien pouvoir leur apporter de plus que quelques nuits, blanches et sèches. Je dansais mon impuissance dans la longue nuit des hommes. Alors je me suis levée et j'ai dit : c'est fini, j'arrête de danser, je m'en vais. Nous ne pouvons pas aller plus loin que notre solitude. Après, c'est un arrangement.

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