Le temps passe et court
J'crois pas qu'y z'étaient bleus
Quand tu veux changer d'âge,
Tu t'offres un long voyage
Hier soir, il y avait un spécial Dorothée à la télévision. Les amateurs de dessins animés japonais et de grandes soeurs qui chantent auront peut-être regardé l'émission de France 2. ça n'a pas été mon cas, oh, pas par snobisme mais par indifférence: question de génération. Mais je trouve quand même que Juliette Gréco chante mieux que la grande blonde et que Belphégor, ça fait plus peur que Capitaine Flam.
Non, non, je ne viens pas faire ici un billet d'humeur nostalgique ou ronchon. A vrai dire, je ne connais Dorothée qu'à travers ce rôle qu'elle avait joué dans L'Homme qui aimait les femmes de Truffaut: j'espère que c'est bien le bon Truffaut, j'ai la mémoire qui flanche. ça doit être celui-là, avec un Mesguish charmant en bel indiférent libraire et une Marie-France Pisier en avocate mutine qui fantasme doucement sur lui. "C'est tout ce que tu as retenu de ce film?" m'objecteront les cinéphiles: mais puisque je vous dis que j'ai la mémoire qui flanche.
Je me demandais ce matin au réveil pourquoi mes deux enfants n'avaient pas élevé un culte à la grande blonde. Pourtant, je n'ai jamais pratiqué de censure. Je crois qu'ils regardaient plutôt des cassettes, genre Disney Sing Along Songs, Fantasia, L'Age de glace ou son prototype, une cassette de dessins animés thchèque rapportée juste après la partition de la Tchéquie et de la Slovaquie, une cassette avec des airs d'opéra dramatisés sous forme de petits films d'animation, Shakespeare en dessin animé, Fireman Sam, Postman Pat (and his black and white cat) : mais je mélange leurs époques, je ne sais plus trop ce qu'il en fut.
Ma nièce était dorothéphile, mais elle avait deux ans de plus que mon aîné, ce qui devait faire toute la différence: elle avait la maturité psychique et intellectuelle nécessaires pour apprécier Dorothée et les garçons. Une question que je me pose: est-ce que les frères Bogdanov faisaient partie du même créneau horaire, et à la même époque?
A la belle saison, de toute façon, le frère et la soeur filaient dehors jouer avec leurs copains: ils ont eu la chance de grandir loin de la grande ville, où toute sortie des petits doit être faite sous l'oeil vigilant des parents. Tiens, ça me fait penser que j'ai regardé Bienvenue chez les cht'is dimanche soir à la télé. Je ne l'avais pas encore vu, ce film. Je l'oublie déjà.
Après, pour mes enfants, si je me souviens bien, il y avait eu les Spice Girls, Doc Gynéco, Fat Boy Slim, le skate et Super Mario, entre autres, avant leur basculement dans l'adolescence, cette période qui fait passer les époques à la moulinette, pire que Jean-Christophe Averty, époque où il faut savoir ne pas trop savoir ce qui se passe, tout en le sachant. Dorothée était-elle toujours là sur l'écran tandis qu'ils grandissaient? Rafraîchissez-moi la mémoire.
Il paraît que Chantal Goya remplit les Zénith, et pas seulement avec un public de petits. Nul doute que Dorothée puisse faire de même. Et puis il y a les tournées Age tendre et têtes de bois, à moins que cela ne s'appelle Salut les copains, avec les rois et reines de la variété des années 60-70. Et tout groupe de rock soucieux de sa retraite par capitalisation reprend la route: l'époque est propice au retour. J'attends toujours la tournée Thierry la fronde. Je peux toujours attendre: Jean-Claude Drouot a d'autres planches à arpenter; Isabelle doit être à la retraite, une retraite en forme, j'espère, gagnée avant 67 ans.
Bon, à vrai dire, j'attends pas: c'est maintenant que ça se passe. Mais le fait est que Dorothée était à la télé hier soir, et elle a dû faire le plein. La question est la suivante: est-ce que Taddéi l'a regardée avant son émission de deuxième partie de soirée? Est-ce que France Télévision va profiter de la vague nostalgique pour programmer les documentaires de Pierre Etaix sur la France de ces époques? Et surtout, qu'aurait pensé Rina Ketty de tout ça?
↧