Plaza San Telmo Un bandonéon fait entendre sa plainte douce, lancinante et amère au cur de la nuit. Sous les doigts dun musicien, le temps se ralentit, jusquà se suspendre
Pleure, épanche ta douleur sur le parquet en contorsions désordonnées. Hurle à la nuit ton infinie passion pour lui.
Une invitation vibrante et langoureuse. Le regard questionne, inquiet, dans lattente dun gracile et imperceptible mouvement de tête signifiant un refus.
Quimporte, la nuit complice le masquera. Seul le danseur en comprendra le sens, sans perdre la face. Entre les silences, la musique se joue parfois des sentiments
Un autre sapproche, enveloppe sa partenaire dune étreinte fiévreuse. Le visage se penche, jusquà frôler
le souffle haletant, les lèvres.
Les doigts impatients et agiles virevoltent, caressent. Ils entrent en toi. Simmiscent impatients sur la peau, creusent le sillon où se fige le sang. Soulignent les rondeurs et séveillent à la vie, aux appels dun cur meurtri.
Rêver le mouvement, peindre larabesque du désir. Se donner lun à lautre passionnément.
Jeu damour et de haine. Les regards se touchent, se frôlent, mais, jamais ne se croisent. Chant damour, soupir de séparation.
Le mystère qui se cache sous le sens des choses : la poésie du désir, hymne sauvage à lamour, nostalgie des ailleurs éloignés.
La nuit savance doucement et enveloppe dun voile irréel les corps enlacés. Le temps se suspend, les ombres glissent lentement sur la piste.
Les silhouettes se laissent deviner pour mieux se dérober aux regards. Les corps sapprivoisent, se rapprochent, sunissent
Une jambe gainée de noir déchire le silence. Se glisse langoureuse, où le talon affleure, se pose le cur, effleure, mais, ne sattache pas.
Le corps chavire, tangue dans les bras dun homme. Le pied se penche, se tend et plie. Latmosphère toute entière bruisse de froissements satinés, électriques.
Quand séteint la dernière note, létreinte se poursuit
quelques instants encore. Emus, les regards se croisent à peine, les corps séveillent dans lémotion dun fugitif et intense moment hors de lespace et du temps.
Tant dombres flottent dans lair
Texte retravaillé - Réeddition juin 2010.
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