Cétait un puits.
Cette fille était un puits.
Anamorphose dune nature décadente ? Pathétique erreur daiguillage ?
Est-ce quelle le savait elle-même du fond de son abysse vertigineuse. Elle arrondissait les angles forcément, dans lobscurité de son gouffre elle ne distinguait quun halo de lumière si haut si loin.
Aucune aspérité dans sa construction, des gardes fous bien complaisants comme des gardes du corps impassibles, les pierres lhabillaient de manière inaltérable.
Elle navait pas si froid, le vent tournoyait à des années lumière au-dessus, à peine si elle y prêtait une oreille distraite aux bourrasques qui chahutaient la vie des uns et des autres.
Après tout cétait quoi lexistence ?
Tout mouvement survenait et trépassait, personne pour voir, entendre ou sentir les embryons démotions étouffés qui se dessinaient parfois quand une pierre jetée par jeu ou par inadvertance percutait leau nauséabonde de sa mémoire qui stagnait inlassablement.
Et puis le calme revenait, les vibrations dans ses entrailles se dissipaient.
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Un soir pourtant, elle se rendit compte que personne dautre quelle-même nétait en cause dans lédification de ce quelle était devenue : un puits, mais non pas un puits de science, ni un puits de connaissance, mais un vulgaire cachot humide et sombre, un plein de néant.
Elle voulut alors changer son destin, se hisser , respirer, renaître, recommencer
Désormais elle était seule, depuis déjà bien longtemps, trop longtemps, elle ne pouvait plus rien, elle-même avait arrêté la pendule.
Elle voulut crier, lécho lui rendit comme une gifle son ultime protestation.
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