Rien à voir avec le film, juste les talons aiguilles ! Bonne lecture !
A cet instant précis, Alex, son ami peintre, accueille Laurent avec chaleur.
- Merci dêtre venu, tu es la seule réalité tangible dans ce monde en trompe lil, ça me fait du bien, dit-il.
- Je vois que tu es lucide, mon ami, mais ne hurle pas avec les loups, cest mauvais pour ta carrière !
Je me suis permis damener une verveuse pour grossir la meute, mais ne lécoute surtout pas si tu veux persévérer dans ton art !
- Qui est-elle ? Je la connais ?
- Pas encore, mais je te jure que tu ne vas pas être déçu !
Un murmure monte de lentrée, il se dilate dans le couloir, il enfle dans la salle dexposition.
- La voilà, dit Julien à Alex.
Abigail juchée sur quinze centimètres de vernis noir, tangue vers eux avec volupté. Sa robe rouge est un immense décolleté. On ne sait pas dire où commence la peau où finit le tissu. Une épaule nue, un dos nu, une cuisse demi-nue, une échancrure sous les bras. Seuls quelques rubans de soie écarlate voilent les centimètres carrés que la pudeur empêche de révéler.
La tenue est très suggestive, cest mieux que la nudité totale, pense Laurent.
Alex est muet devant lapparition.
- Bonsoir, Abigail de Saint-Julien, mon ami Laurent ma beaucoup parlé de vous, dit-elle en tendant une main ornée de doigts laqués et bagousés. Le baisemain est de circonstance. Alex se courbe en deux et en profite pour faire glisser ses prunelles le long des jambes gainées de soie.
Abigail poursuit sur sa lancée :
- Votre uvre est une ode à la sensualité, la sensibilité de lartiste est visible, les touches de couleur crues dénotent une évidente contradiction entre lhyperréalisme objectif et limaginaire subjectif.
Alex nentend rien, il se demande si elle porte des bas, il ne voit pas le renflement du porte-jarretelles sous le tissu.
- Oui, tout à fait dit-il en remontant vers la bouche pulpeuse qui débite des inepties.
Il se tourne vers Laurent discrètement :
- Tu las trouvée où celle-là ?
- Cest un cadeau de Raf !
- Sans blague ?
- Cest la femme de son ex !
- une belle canette laquée, tu va te régaler, mais avant je te suggère de lui couper le sifflet.
Alex se tourne vers Abigail.
-Excusez notre muflerie de mâles polissons, je disais à Laurent, en aparté, que votre beauté lumineuse mégarait.
Abigail se coule lascivement dans le compliment.
Ses deux adulateurs sattachent à ses pas. Devant chaque toile, son inspiration surgit, sexprime.
Je suis très en verve ce soir, se dit Abigail. Le secret est daccoler deux mots compliqués qui nont rien à faire ensemble, mieux encore
qui se contredisent : érotisme subliminal, mysticisme prosaïque, ésotérisme matérialiste, anachronisme contemporain. Elle a révisé sa liste avant de venir et est plutôt satisfaite du résultat.
Alex est subjugué, Laurent médusé.
- Votre esprit na dégal que votre beauté, lui dit Alex, vous avez compris le sens profond de mes uvres et touché du doigt mon moi intime.
- Vous me confondez, dit-elle dans un souffle.
Laurent prend congé de son ami et entraîne Abigail vers la sortie.
Il lui reste une épreuve à surmonter, le tête-à-tête aux chandelles.
- Bon courage, mon ami, lui dit Alex
un conseil, conclut rapidement, cest mieux pour ta réputation et ta santé !
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