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Henry Moore chez Rodin, rue de Varennes par Rire et aimer

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Henry Moore ? La dernière fois qu'il nous avait été offert, c'était il y a bien longtemps dans le jardin de Bagatelle au milieu des roses. Ah que le spectacle avait été réussi ; aujourd'hui encore, après tant d'années, ces formes élégantes, massives et pourtant si délicates qu'elles en étaient émouvantes. Enchâssées dans le jardin comme des diamants dans de l'or blanc, la réalité de leur présence en demeure parfaitement actuelle à nos yeux. Aussi, avec dans les yeux un peu de l'émotion intacte de ces jours-là, nous avons reçu l'exposition présentée au Musée Rodin comme un cadeau somptueux. Pensez, quasiment Henry Moore expliqué à Margot dans le respect de son être, de sa sensibilité et de son inexpérience. Un couloir de dessins d'abord. Des traits, des chroniques, des saynètes, des études préparatoires, un ensemble de regards quotidiens rendus entre 1932 et le juste avant-guerre. Puis au bout de ce couloir, une femme assise, irrésistible, un don d'accueil. Après, continuer la visite, c'est voguer sur la mer des délices. L'art d'Henry Moore développé comme un grimoire initiatique qu'on déroule sous nos yeux. Les maquettes, petites, puis reprises en tailles de plus en plus grandes jusqu'à la statuaire géante devenue familière à mesure de ces avatars. En route, Henry Moore démystifie l'Art abstrait qui devient évolution de l'Art figuratif jusqu'à son étape ultime. En quelques dessins, en quelques maquettes, en quelques œuvres achevées, Mondrian, ce seigneur de l'Abstrait, devient lumineux et évident. Des formes géométriques, justes belles suggestions de mouvement ? Oh non, ici deux oiseaux pépiant ensemble, là un père, une mère penchés sur un berceau, plus loin une beauté alanguie reposant sur un sofa... Pas une œuvre qui ne raconte un moment de vie, offre une présence, décrit une anecdote. Sous nos yeux, une réédition de ce conte chinois où un grand Empereur commandait au peintre le plus élégant de son temps, son portrait avec l'impératrice, tous deux représentés sous leur forme divine de dragons. Après des années de travail, l'artiste se présente à la cour et dévoile une toile d'un bleu profond, riche, sensuel, éclatant, traversé de deux traits obliques et parallèles, l'un d'un jaune plus soleil que nature, l'autre d'un vert plus vivant encore que la vie elle-même. Scandale ! Jugé, condamné sur l'instant, ,au moment d'être jeté dans l'eau bouillante, l'artiste obtient un sursis le temps que l'Empereur et la cour jettent un oeil sur les esquisses préparatoires conservées à l'atelier du peintre. Et, là, ô surprise, des dizaines et des dizaines de dragons et de dragonnes magnifiques, de plus en plus éclatants; vivants et rayonnants à mesure que le trait se simplifie pour se transformer enfin en ce fond barré de ces deux traits. Une apothéose, la véritable oeuvre d'art qui rassemble en quelques traits toute la beauté du monde. C'est à cette initiation à la beauté, que Henry Moore nous invite. Si vous pouvez, ne manquez pas ce grand moment, vous ne pouvez en sortir que meilleur(e).

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