Il y a encore une dizaine d'années, Dickens représentait un grand auteur du 19e siècle anglais, qui a écrit des romans dénonçant la vie très dure des laissés pour compte d'une époque heureusement dépassée.
Oliver Twist, repris dernièrement au cinéma par Roman Polanski, présente des enfants misérables éduqués pour voler, en plein Londres.
Il y a quelques jours, en novembre 2010, le quotidien Le Monde nous apprend qu'un gang d'enfants voleurs vient d'être démantelé en France. Les enfants - ou adolescents - devaient "travailler" le plus rentablement possible, sous peine de corrections, voire de viols.
Aujourd'hui, dans le RER, comme chaque jour, une dame mendie : elle a 26 ans, elle est seule avec son petit garçon, elle a perdu son emploi, elle vit à l'hôtel ; un morceau de pain, un yaourt seraient les bienvenus. Elle présente bien, elle s'exprime bien, elle ne s'y attendait pas, voilà, c'est arrivé.
Aujourd'hui, boulevard Haussmann : le magasin Eurodif, où beaucoup d'entre nous se pressaient lors des fêtes, pour acheter pour pas grand chose des ornements de Noël, a disparu : la location de l'espace était devenu trop chère.
La semaine dernière, le magazine Télérama titre : "Ils vivent pour survivre", et rend compte de la vie de tous les jours de ceux qui s'accrochent pour ne pas sombrer.Qu'ils travaillent , qu' ils soient à la retraite, qu'ils soient au chômage, même combat.
Tout près, un grand magasin a gardé longtemps sa marque de vêtements personnelle, moins onéreuse que celles, plus connues, qui y existent encore. Les français dits "moyens" pouvaient s'en approcher. Puis cette marque a disparu. Puis ce magasin du boulevard Haussmann a complètement changé, pour devenir ce qu'il est actuellement : un hangard de grand luxe, froid, inconnu, où les sacs de marque sont présentés sous des caissons transparents. Les clients viennent de fort loin, mais vraiment plus de la proche banlieue, d'où je venais souvent.
Dickens est revenu, Zola est tout près, Victor Hugo suit, et les grands auteurs de romans policiers contemporains leur emboîtent le pas : c'est en Europe, c'est en France, on fait la queue aux comptoirs de chocolats et gâteaux hauts de gamme des magasins de luxe, on la fait aussi à la soupe populaire, c'est peut-être ça l'équité, chacun a le droit de faire la queue, sonnez hautbois, raisonnez musettes, petit papa Noël, quand tu descendras du ciel, avec des jouets par milliers, oublieras-tu leurs petits souliers ?
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