Born to loose par Sonicdeathdonkey

J’ai toujours été un looser. Pas un poissard. Un perdant ! Chaque fois que j’ai joué, j’ai perdu. Et même si la chance n’a jamais été mon alliée, je dois admettre que je me dois l’essentiel de mes défaites. Ca a d’ailleurs commencé dès le début. A la sortie du ventre de ma mère. Je suis arrivé second. Ma sœur m’avait devancé. Oh, pas de beaucoup. Quinze minutes. Mais ça a suffit. C’est elle qui a gagné tout l’amour de notre mère. Pour le second : rien ! C’est ma faute. J’aurais dû mieux placer mon cordon ombilical ou mieux guetter la lumière ... C’est raté ! C’est ma sœur qui a gagné. Pour moi, même pas de lot de consolation. Bah, ... je n’en veux pas à ma mère. Elle n’avait pas grand-chose à donner de toute façon. Plus grand-chose je devrais dire : mon père était parti avec presque tout ce qu’elle avait en stock. Ma frangine a eu les miettes. Et moi ? Rien ... Après il y a eu l’enfance, l’école, ... Les écoles je devrais dire. La communale et celle de la rue. Je n’ai réussi ni dans l’une ni dans l’autre. Incapable d’apprendre convenablement mes leçons ou de piquer des bombons à la boulangerie sans me faire piquer. Un looser je vous dis ! Quant à l’adolescence, ... Autant ne pas s’étendre ! Ce n’est pourtant pas faute d’avoir joué. Combien de filles ai-je abordées ? Quels trésors d’imagination n’ai-je pas produit pour me faire remarquer ? Tant d’énergie dépensée pour ... si peu ... Quelques étreintes trop rapides, froides, maladroites et, pour la plupart, payantes. Aucun regard complice. Aucune chaleur intérieure qui broie l’estomac. Rien. Le néant. Le vide ... Plus tard, j’ai continué à perdre. Mon emploi, régulièrement. Dans le même temps, mes copains. Faut dire que je n’en ai jamais eu de bien sûrs ... Je n’ai jamais fait les bons choix ... Encore que, je ne suis pas sûr qu’on puisse vraiment choisir. Bizarrement, on ne s’habitue pas à perdre. A quarante ans, j’en ai eu marre. J’ai voulu jouer une dernière fois. A la roulette russe. Et encore une fois, j’ai perdu. Par contre, l’inspecteur de police stagiaire qui tentait désespérément de m’empêcher de jouer, lui, il a gagné ! Du premier coup ! Dans le cœur. « Vous avez gagné vingt ans ! » m’a dit le juge. Merde ! Je venais de gagner enfin quelque chose. Et quand le vent tourne, il tourne. Avec ces vingt piges, j’avais aussi gagné la renommée ! Pas un canard boiteux où ma face ne s’exhibe à la une ! Depuis, tout a changé. Pas un jour sans que je ne reçoive une lettre enflammée d’une fan prête à tout pour me rencontrer à la sortie ... Dans vingt piges, certes, ... Mais en attendant, dans les mots que je lis chaque jour, je ressens une chaleur dont je n’avais jamais rêvé. La vie est quand même un drôle de jeu ...