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Nous sommes connectés... par The Dreamer

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La vie est étrange. La dernière fois que j’ai parlé à Patrice, un ami d’enfance cher à mon cœur, c’était en 1987, j’étais enfermé dans une cabine téléphonique à Olivet (une ville proche d’Orléans). Depuis quelques semaines, je me trouvais seul loin de ma famille pour une période de 10 mois. Je me sentais quelque peu angoissé… j’ai toujours été angoissé. Ce matin là, je m’étais levé encore plus angoissé qu’à l’ordinaire, pourtant j’avais eu le temps de prendre mes marques, de m’insérer dans le groupe de jeunes gens qui allait être ma famille d’adoption durant ces quelques mois. Je sortais du dortoir, marchais dans les allées étroites, il faisait froid en cette fin du mois d’octobre – Je poussais la porte du réfectoire où nous prenions nos repas, quelque peu à reculons, le petit-déjeuner n’était guère engageant. La matinée se passait doucement, mais, un pressentiment ne me quittait pas. Il faut que tu l’appelles… maintenant ! J’hésitais. Six ans de silence depuis les bancs du collège. Les vicissitudes de la vie nous amènent parfois à oublier, même nos amis. Son numéro de téléphone était pourtant toujours présent au milieu de tous les autres dans l’agenda : «03.87……». «Prends sur toi, prétexte que tu es angoissé par cette nouvelle vie qui débute, mais, ne reste pas sans rien faire !» J’entre dans la cabine, compose le numéro… une voix grave me répond. Je sais que c’est toi mon ami. Ta voix me rassure. Je parle des mes inquiétudes, de ma nouvelle vie, toujours ce besoin imbécile de me confier. Mais au fur et à mesure des minutes, je perçois même si tu le caches, toujours cette discrétion qui te caractérise, que tu es inquiet. Je sens que tu n’es pas bien et je stoppe le flot continu de mes paroles – Je fais silence. Et je sais que ce silence va t’amener à parler : «c’est étrange que tu m’appelles maintenant après toutes ces années, mon père vient de faire un infarctus !» Silence – Que pouvais-je répondre à cela ? Que je pressentais qu’il se passait quelque chose… Je n’ai rien dis. J’ai essayé tant bien que mal de te rassurer à mon tour. De te témoigner la même attention que celle que tu m’avais prodigué quelques minutes avant malgré ton immense inquiétude. Toujours cette même douceur, cette gentillesse, cette générosité pour les autres – Qualités qui nous ont rapproché dès le début. J’ai raccroché au bout d’un long moment le combiné en te disant que je pensais fort, si fort à vous. Mi décembre 2010 – Déjà 23 ans depuis ce coup de fil – Pendant tout ce temps nous nous sommes perdus de vue. J’ai quitté la Lorraine pour le Sud Ouest et la vie a fait le reste. Je ne t’ai jamais oublié malgré le temps et la distance. Et ce matin là, la même angoisse m’a enserré le cœur. «Il faut que tu parviennes à entrer en contact avec lui. Absolument. Comment faire ?» Ta discrétion fait que depuis toujours je ne t’ai jamais vu inscrit dans les pages de l’annuaire, pas plus que dans les réseaux sociaux. J’allume mon pc avec le fol espoir de pouvoir te trouver. Je tape fébrile ton nom sur le département de la Moselle, je ne trouve personne, ni toi, ni ton père. Je vais contrarié et inquiet quitter la page et descend machinalement avec la molette de la souris et je tombe étonné sur un homonyme Patrice M inscrit sur Copains d’Avant. Ca ne peut être toi, tu n’y a jamais été inscrit. Je clique sur le nom et attend angoissé de lire d’autres informations. Je ne me fais guère d’illusion. La page est celle d’un homme dont l’âge correspond, ainsi que les années de scolarité en collège et lycée. Se pourrait-il que ce soit toi ? J’envoie fébrile un mail il y a une semaine. Demandant de tes nouvelles et celles de tes parents. Ce matin je reçois un mail chaleureux où tu évoques ta joie non feinte, je le sais, de me retrouver, ta grande réussite professionnelle, les responsabilités qu’elle te procure et ce à quoi il t’a fallu renoncer pour y parvenir. Je te connais mon ami, tu ne sembles pas heureux. Ton chagrin de ne pas avoir d’enfant entre autre et je lis à la fin du message ces mots prononcés avec discrétion comme une confidence : «… mon père vient d’avoir un accident. Il est tombé de l’échafaudage en taillant ses thuyas. Il s’en sort avec plusieurs graves fractures à la colonne vertébrale et est immobilisé jusqu’en février 2011 dans une coque !» Et comme cette fois là, je t'envoie un message où je tente de te rassurer en te disant que je t'aime et que je pense fort à vous. On va essayer de ne pas se perdre de vue cette fois... mon ami. La vie est étrange.

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