Un affreux silence derrière la porte et sur le guéridon de l'entrée une enveloppe à mon nom.
Son écriture.
Je me laisse glisser au pied de l'escalier.
Sur un papier froissé quelques lignes d'amertume se hatent et se bousculent. Comme de fins barbelés répandus sur la neige.
Je survole ce défilé de haine sans vraiment le comprendre. Des mots durs et tranchants, froids comme le métal.
Autour de moi le corridor s'arme de murs hostiles. La maison se tord. En silence comme une pieuvre sous l'eau.
Dans mon dos les marches grincent comme des menaces.
Elle est partie.
Les rondeurs de sa signature se hérissent de filaments bleus. J'imagine ses longues mèches brunes abandonnées sur l'encre fraiche. Troublant mirage qui me dévaste un peu plus.
Les jours qui suivent je briserais nos images au fond du vieux miroir.
J'irais courir la campagne et piétiner les flaques qui mêlaient nos reflets.
Éparpiller nos souvenirs au fond de la forêt.
Jeter ses mots doux dans la boue des chemins.
Arracher nos rires sous l'écorce des pins. Effacer nos soupirs au fond de la tonnelle.
Reléguer cet encombrant bonheur qui rouillait sous nos larmes. Tout au fond du jardin.
Dans la vieille remise.
Les promesses ébréchées et les secrets fanés se pousseront un peu. Pour lui laisser une place.
Et quand le froid viendra, le temps se figera dans la glace des ornières.
Le temps d'avant sa lettre.
Attendre le printemps pour le voir renaitre.
Peut être.
http://www.youtube.com/watch?v=TLNyVLbqdEg&feature=related
↧