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Non mais sans blague... par The Dreamer

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Les conditions d'accueil à Pôle Emploi sont parfois déplorables, voire odieuses. Mais je viens de m’apercevoir que celles de l'intérim, tant vanté pour pallier la pénurie d’emplois, sont parfois pires. Rendez-vous à 14 h 00. A 14h30, je suis toujours le cul visé sur ma chaise, ayant lu toutes les brochures endormies sur la table basse devant moi. Toutes les deux minutes, la porte de l'agence s’entrebaîlle. Rapidement nous sommes dix, puis quinze. L’employée de l’accueil semble isolée, malgré les deux collègues gravitant comme des mouches autour d’elle. Le téléphone bourdonne continûment rendant les entretiens brouillons. 14h45 - arrive enfin mon tour. Je me lève quelque peu groggy après cette attente interminable. Vingt minutes plus tard je n’ai prononcé qu’une phrase et l’entretien s’enlise. Nous sommes constamment interrompus par les appels téléphoniques et les photocopies à effectuer. Je remarque rapidement que la discrétion n'est vraisemblablement pas le souci primordial de ces professionnels. Le respect des données concernant la vie privée ne semble guère être une règle que l’agence met en pratique. Loi informatique et libertés de 1978 : «inconnue au bataillon». Chaque personne déroule devant le parterre son identité, son adresse, son numéro sécurité sociale, sa vie professionnelle. Morceaux choisis - "Vous êtes sans emploi depuis deux ans, pouvez-vous m'expliquer pourquoi n'êtes vous pas venu nous voir avant ?» Ahuri, je subis sans broncher, puis m'explique : «J'étais suivi par Pôle Emploi et l'intérim ne m'intéressait pas, je préférais décrocher un CDI ou CDD, ne pas être tributaire de missions...». «Vous savez, nous avons des CDI !» s'exclame-t-elle fièrement. Je ne réponds pas, ne souhaitant argumenter plus avant. La situation est suffisamment gênante. Pour une première expérience dans l’intérim, je commence à me dire intérieurement que mes réticences étaient, hélas, fondées. Le conseil de discipline continue : «Je vois que vous n'avez pas le permis ! L'employeur va être contrarié ! Vous savez que c'est un handicap ?» «Oui, maîtresse !» - La moutarde commence à me monter au nez (ce n'est pourtant guère mon tempérament). Et ça continue : «Pôle Emploi ne vous a-t-il jamais dirigé vers nous ? Quel est votre conseiller ?» - toujours quinze personnes dans le dos pouvant profiter de la conversation. Puis, soudain, le ras le bol : «Ecoutez, je ne suis pas venu me renseigner sur l’intérim et l’emploi que vous proposez dans le but de subir un tel interrogatoire en public !» Elle bifurque alors sur le fait que l'emploi pour lequel je postule est difficile : «Le métier de télé opérateur est très stressant. Serez-vous prêt à l'occuper après deux ans d'arrêt de travail ?» «Non, non, je ne suis venu vous voir que dans le but de me faire agresser verbalement, sachant que je ne convenais pas à l’emploi proposé ! J’avais juste une heure à tuer !» «Je vais transmettre à l'employeur votre candidature, mais il y a déjà six personnes sur les rangs !» Je me lève et bredouille une phrase d'excuse pour le coup de sang. Vindicatif, mais poli. Expérience désagréable - Voir tout son parcours professionnel, sa vie privée, dépiautés devant quinze inconnus qui ne peuvent qu'entendre, voilà qui est choquant. A force de recevoir les sans-emploi dans de si piètres conditions, les employés de l’agence ne semblent plus faire cas de la confidentialité minimum nécessaire à ce type d'entretien. Si le procédé existe, c'est que personne n'a du jamais osé se plaindre. Trop de gens n'osent rien dire et se satisfont de ces accueils humiliants. Ce qui est insupportable, c'est de se voir mis ainsi sur la sellette. Une personne qui ne vous connaît pas la minute d'avant et se permet devant des inconnus, de vous juger, de pointer vos lacunes en vous faisant comprendre à demi mots que vous êtes responsable de votre situation — puisque vous n'êtes pas venu immédiatement vous inscrire chez elle. Je m’interroge. Les demandeurs d'emploi se tournant vers l'intérim auraient-ils moins de droit à la dignité et à la confidentialité que le citoyen lambda ? En rentrant chez moi, je décide de me renseigner. J'appelle l'Inspection du Travail. L’inspectrice à l’autre bout du fil paraît choquée par mes propos. Il semble que mon cas ne relève pas du droit du travail — encore qu’elle va en parler avec un contrôleur, qui va faire des recherches et me rappeler — mais, à la fois, de la CNIL pour le problème de confidentialité, et de la HALDE pour le ton inquisiteur des questions posées devant les autres personnes présentes, pouvant s'assimiler, d'après elle, à une discrimination, du fait d'un jugement agressif sur mon parcours personnel. Pour la HALDE c’est loin d’être gagné comment prouver une humiliation verbale. Je laisse tomber cette piste. J'appelle aussitôt la CNIL. Mon interlocutrice me dit qu'ils contreviennent ouvertement à la loi Informatique et Liberté du 06 janvier 1978 et me suggère d'envoyer une réclamation écrite avec les coordonnées de l’agence, afin qu'ils puissent dans un premier temps leur adresser un courrier visant à leur rappeler la loi. Elle me rappelle — comme je le pensais — que «tout organisme collectant des données à caractère personnel (coordonnées identitaires comme données professionnelles) est tenu de le faire en toute confidentialité, sans que quiconque ne puisse avoir accès à ces données». Il me semblait bien que quelque chose clochait. Les coordonnées de la personne précédente résonnent encore à mes oreilles «3 rue du D…. » -33XXX – Date de naissance mars 1977 - Numéro sécurité sociale 1770333….. «Nous leur enverrons éventuellement un contrôleur pour vérifier de visu la situation et leur faire comprendre qu'il serait souhaitable que les entretiens s'effectuent obligatoirement dans un bureau fermé». Je me réserve le droit, une fois que je serai certain que ma candidature, suite à cette altercation, est partie tout droit à la poubelle de contacter le siège social de ce prestataire afin de leur demander des éclaircissements sur les conditions de confidentialité appliquées dans leurs agences. Non mais sans blague…

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