La fille du bédouin
Point de ligne dhorizon, de tous cotés poussières en volutes ;
tourbillons éphémères telles vapeurs sublimant un bon Bertoud à lAbondance ;
draperie dune robe exquise soudainement devenue volatile.
Magie de la nature comme pour dévoiler ses dessous ; soulevé par ce vent fou
le sable navait de grelinette attendu pour être enfin délivré.
Au loin, sur la piste, telle vêtue dune camisole, une silhouette prenait forme
qui avançait au rythme lent de la caravane de chameaux lentourant.
Seule une route rectiligne de noir vêtue donnait repère au greluchon
venu du village voisin à la rencontre de celle qui, pour lui,
arpentait limmensité désertique quétait leur patrie.
Décole, dans leur enfance, point autant pour elle que pour lui
dont le vert galant de père navait transmis, pour seul savoir,
que le seul langage des mots élogieux et envouteurs .
Alors, pour en avoir usé, il avait su la séduire et elle lui avait ouvert son cur.
Tandis que le vent façonnait de milles dendrites les roses des sables
elle avançait inlassablement au rythme des courbes sensuelles du relief
dont la moiteur des creux donnait pitance au troupeau.
Etrange troc que, lors de léchange dun baiser furtif sonnant le début de cette belle histoire,
cette bouteille de Chasse spleen apporté par quelque touriste,
, qui sétait glissé dans le creux de sa main tremblotante.
Elle lavait imaginé alors comme le plus précieux des cadeaux
et navait dyeux que pour celui qui lattendait, abrité par une dune,
la mobylette appuyé contre un palmier, spectateur de ce bal invité.
Alors la vie sétait installée au rythme des passages.
Elle lui prêtait, le temps dune accalmie, les courbes enivrantes de sa peau
avant de repartir après avoir coupé sa route.
Image surréaliste dun catadioptre réfléchissant, la nuit tombée,
au passage dun car de touristes de retour dexcursion guidé par ce fil noir
alors que senfonçait, dos au vent, celle que la nature hostile attendait.
CP
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