Le nez dans loreiller, écouter les poubelles quon bouscule et quon vide quelque part dans la ville.
Surveiller le souffle de la belle endormie, apaisée, rassurée par tes derniers baisers. Ceux que tu déguises si bien en tendres prévenances pour mieux masquer ta fuite au milieu de la nuit.
Glisser sur le parquet encombré de vêtements. Vestiges de lassaut qui embrasa vos sens. Juste avant quelle ne supplie que tu la prennes là, comme une chienne indécente contre le bois du lit.
Planant sur la vision de cette somptueuse croupe tendue vers son bourreau, tu remontes en silence le cours de la bataille. Chemin de dentelles moribondes qui te mène à la porte de son appartement.
Tu te mens déjà en promettant cette fois de revenir plus tard lui offrir quelques fleurs.
Sur le palier enfin tu remets tes souliers. Et tu te vois encore guerroyant comme un brave cette capricieuse sirène écumant de partout.
Le sirop de son corps te poisse encore les lèvres, et le feu de sa peau brûle dans ta gorge.
La main sur la rampe, lobscurité te mange et grince à chaque marche. Pas assez pour que ne vibrent encore dans ta chair les cris de cette femelle agrippée à tes hanches. Larche de ses cuisses au dessus de ta bouche hante ton esprit et claque sur ta peau. Comme ses coups de boutoir de gourmande enragée.
Partir comme un voleur et marcher dans la ville. Errer sur les trottoirs pour perdre le chemin.
Au bord du caniveau larroseuse balayeuse ronfle dans ses moustaches et dévore tes remords. Sans même bouger dun pouce tu lattends comme la pluie.
Juste pour bien laver, noyer et déserter le souvenir de celle qui te cherche déjà, là-bas sous les toits.
Une de plus dont les ongles nont pu élargir la fissure du granit qui dissimule ton cur.
Un café sur un zinc couleur petit matin. Au milieu des lève-tôt du quartier tu as déjà tout oublié. Surtout quand tu remarques dans la glace devant toi, cette fille qui débarque du tout premier métro de cette nouvelle journée.
Les néons du bar étoilent ses accroche-coeurs. Ripolinée de frais devant son thé brûlant elle picore un croissant en rêvant sous sa frange.
Celle qui sera peut-être ta prochaine passion se lève, se presse et demande laddition.
Tu sors sur ses talons.
Direction Nation, ta nouvelle Eve chaloupe déjà sur ton cur de voleur.
Au loin le Sacré-cur sempourpre dans le jour qui se lève et tu te dis tout bas "What a wonderful world"...
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