- J'avais reçu un cadeau bien enveloppé, qui faisait tic-tac. En l'ouvrant, j'ai explosé de joie. Une montre Rolux ! Il était temps, j'avais juste 50 ans, pour un peu, je ratais ma vie.
Le temps ne serait plus perdu, puisqu'il passerait et serait décompté par le mécanisme Rolux, qui le transformerait et en ferait un temps précieux, de qualité supérieure. Un 14h45 indiqué par le cadran Rolux, c'est autre chose qu'un 14h45 indiqué par une autre marque. Le temps en serait plus intense, dynamité. A la limite, il n'existerait plus. Anéanti par la perfection et la beauté Rolux. Du coup, une montre devenait inutile. Enfin, non. Quand même. Et puis c'était un cadeau.
Je regardais le bracelet Rolux se frayer un passage parmi les poils de mon avant-bras, les aiguilles pointer les chiffres, qui, sans les arabes, seraient des chiffres romains et alors là il aurait fallu un plus gros cadran, mais ça ne m'aurait pas déplu, un plus gros cadran, enfin, je ne vais pas critiquer, c'est un cadeau. Je me dis c'est ça le bonheur, c'est ça le bonheur, c'est ça le bonheur, c'est ça le bonheur, c'est sale bonheur.
A 19h46, elle est tombée sur moi. Comme une pluie d'orage sur la plaine.
- Quoi ?
- La dépression
- A cause d'une montre ! Tu es impossible !
- A 20h54, j'allais mieux. Mais ça me fait toujours ça quand on m'offre des cadeaux de luxe.
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