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Accomplissement par Jules Félix

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Le 17 mai 1995 à onze heures, un homme lâche rue du Faubourg Saint-Honoré : « Je pars sans le moindre soupçon de regret ou d’amertume, aussi tranquillement que je suis venu ». Demain, roulements de tambour : ce sont les quinze ans du départ de François Mitterrand. Départ dans les cieux. On l’appelait (très humblement) dieu (car il fait un peu sphinx sur les bords) mais aussi tonton. Et qui dit tonton dit neveu. Le neveu Frédéric n’ira pas à Jarnac parce qu’il a autre chose à faire. Il le dit de façon un peu désabusée : « Je n’ai pas besoin d’un jour précis pour me souvenir de François Mitterrand, pas besoin d’un jour précis pour penser à une maison familiale où j’ai passé toutes mes vacances de Pâques durant mon enfance ». Il n’a pas vraiment tort… « Je n’irai pas à Jarnac car je ne veux pas instrumentaliser le nom de Mitterrand. Cette commémoration se présente sous un jour politique et je n’y aurai pas vraiment ma place ». Jarnac va bientôt devenir Colombey-les-deux-Zéglises. Martine Aubry et Ségolène Royal vont faire le pèlerinage. On imagine qu’une rose géante va être édifiée pour continuer dans le parallèle. Sa veuve Danièle avait soupiré : « Je crois que François connaît maintenant la réponse à la question qu’il s’est posée toute sa vie ». "François" l’avait dit : « Je n’ai pas peur de la mort, mais j’aime vivre… Cela vient toujours trop tôt ». Pourtant, ce n’est pas faute de l’avoir repoussée au plus loin possible : atteint d’un cancer dès l’automne 1981, les rares médecins dans la confidence ne lui donnaient guère plus de trois ou quatre ans. Cela ne l’a pas empêché de rempiler pour sept ans en 1988. Comme si l’Élysée était la meilleure thérapie contre son mal (si c’était prouvé, il faudrait prévoir plusieurs milliers de Présidents de la République en même temps, sinon, cela ne serait pas efficace). C’était à dix heures cinquante-cinq, le lundi 8 janvier 1996. Il avait passé un Noël à Assouan comme d’habitude, aux côtés de Mazarine, puis un Nouvel an à Latché avec sa famille officielle. Il pouvait partir le cœur libre… « Face à la maladie, il a manifesté un courage tout à fait exceptionnel. Une grande figure nous quitte, que je salue avec respect et émotion ». Ces mots sont ceux de son principal adversaire politique, Jacques Chirac, dans une allocution télévisée parmi les meilleures parce qu’authentique, parce que sérieusement sincère. « Comment mourir ? La mort peut faire qu’un être devienne ce qu’il était appelé à devenir ; elle peut être, au plein sens du terme, un accomplissement » disait François Mitterrand… Bernard Mazières, le journaliste qui vient de se faire assassiner (sans doute par un ou des proches), avait rédigé un très bon article sur "Les derniers jours de François Mitterrand" dans "L’Express" où il racontait par exemple que le PS avait offert à Mitterrand une Twingo lors de son départ de l’Élysée et qu’il l’avait offerte à sa fille Mazarine qui l’avait un peu cabossée. Article de Bernard Mazières : http://www.lexpress.fr/outils/imprimer.asp?id=611772&k=7

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