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Un conte de Noël II (le retour ou plutôt ...le départ) par Misty44

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Deux nuits et deux jours… Quarante-trois heures, pour être précis, qu’ils avaient passées à se serrer l’un contre l’autre, à s’embrasser, à faire l’amour, à manger très peu, à boire un peu plus, à rire et à se raconter leur vie. Enfin surtout lui…Emma, elle, avait préféré le faire par écrit. Son passé, ses blessures, elle ne pouvait pas les exposer au grand jour, en faire le sujet d’une conversation avec réponses et commentaires, avec le risque et même la certitude qu’il n’y avait rien à en dire, sinon des choses banales qui n’apportent rien. Philippe se lança dans le récit interminable d’une conversation qu’il avait eue avec une femme qui connaissait le village où il avait passé son enfance. Dévoilant ainsi les chagrins qu’il avait éprouvés à cette période de sa vie. Les cassures qui l’avaient marqué à jamais, tout comme elle. Mais Emma n’avait pas envie que cette fête soit ternie par les souvenirs envahissants de tristesse et d’amertume. A la longue, elle avait ressenti le besoin de sortir de ce climat mortifère par n’importe quel moyen. Tendre l’oreille vers ce superbe morceau de jazz, se lever et mettre ses mains sur ses épaules, l’embrasser dans le cou, lui dire à l’oreille qu’il se faisait tard. Philippe lui avait dit, avant Noël « Ce serait bien que nous soyons un cadeau l'un pour l'autre, qu’en dis-tu? ». Elle voulait profiter au maximum de ce temps hors du temps. La dernière nuit, sachant qu’ils devaient se séparer le lendemain, Emma ne dormit pas et pleura beaucoup, discrètement, pendant que Philippe était plongé dans un sommeil tranquille. Elle se posait des questions sur le devenir de cette belle histoire, était inquiète et se sentait démunie, ne sachant pas ce qu’il comptait faire. Ce n’est qu’au petit matin qu’il s’aperçut qu’elle pleurait et eut des gestes de tendresse vers elle, sans un mot. Le petit-déjeuner fut un moment extrêmement délicat à passer pour Emma. Philippe lui semblait déjà parti, indifférent, ailleurs, pressé que tout ceci se termine. Les adieux furent passablement froids, rapides. « De toute façon, on s’écrit, n’est-ce pas ? » murmura Philippe. « Ah bon…je ne croyais pas que tu voulais qu’on continue… » dit Emma. * Les jours suivants, Philippe envoya quelques sms, lui souhaita la « bonne année » et disparut à jamais au pays des Pères Noëls. * Emma ne parla jamais à personne de la fin de l’histoire. Si elle l’avait racontée, on aurait trouvé mille raisons pour lui expliquer, pour justifier les raisons probables de cet homme : peur, déception quelconque, mensonge, envie de liberté, lassitude, désenchantement, retour à la réalité… Bien sûr, il est toujours facile après de revoir les choses quand on connait la suite. Bien sûr, elle aurait dû être sur ses gardes quand sa nièce, à qui elle confiait tout, lui avait révélé que certaines phrases qu’il avait utilisées étaient celles d’une chanson, mises au masculin : « Je cherche une femme de mon âge, un peu plus, un peu moins, qui a tout rêvé, qui a tout perdu, qui s'en veut juste assez pour savoir ce qu'elle veut maintenant. Une femme qui a déjà plu, qui a déjà déçu et qui a survécu. Une qui a plus de passé que d'avenir mais qui sait goûter au temps présent. Une femme que la vérité ne fait plus fuir, une qui a le courage de ses sentiments. Une femme pas trop solide parce que personne ne l'est vraiment. Une qui peut-être m'attendait, une que peut-être j'attendais. Oui, je cherche une femme comme il y a en plein... ...mais que je ne croise jamais. » Elle les avait trouvées assez artificielles, ou plutôt...trop bien pondues, ces paroles, elle s’était doutée qu’elle n’était pas la première à les recevoir, mais c’était joliment dit et elle avait préféré ne voir que cela. Bien sûr, il avait parfois des côtés froids, désabusés, voire même cyniques, mais elle comprenait ce système de défense, fréquent chez les hommes de cet âge. Bien sûr… Mais Emma savait au fond d’elle-même à quel point ils s’étaient plus et comme ils avaient été bien ensemble. Alors, elle était perdue et maintenant, vraiment, elle ne savait plus. Après lui, comme avant lui, Emma a connu beaucoup d’hommes. Des hommes qui se donnent ou non quelque peine pour la séduire, qui prennent ce qu’elle offre sans calcul ni manœuvre et repartent sans état d’âme. Emma continue à être perplexe sur ce que pensent et veulent les hommes. Sur le sens des mots, des gestes. Sur le sens galvaudé de ce mot devenu ridicule pour elle : complicité. De cet autre mot qu’elle ne peut plus lire sans avoir envie de vomir : affinités. Elle voudrait rayer de son vocabulaire le mot échange, ainsi que celui de confiance. Elle est lasse de penser : « est-ce ainsi que les hommes vivent… ? » FIN

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