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C'est Byzance par Sansqueuenitete

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C'est aux alentours de 16H que j'arrive au pied de la tour de Galata. L'air doux de ce dimanche après-midi me fait du bien après avoir passé une bonne partie de la nuit à écumer les bars bondés de Beyoglu, LE quartier de la fête à Istanbul. Nous étions encore présents lorsque vers les 4h du matin l'équipe de l'Araf (le purgatoire) a demandé à la joyeuse foule, venue se déhancher après une semaine laborieuse, de quitter les lieux. Au réveil, il a fallu un peu de temps pour que les effets indésirables de l'alcool disparaissent mais une rencontre impromptue avec un miroir suffit à me convaincre qu'un passage chez le barbier serait loin d'être superflu. Car oui, quand je suis à Istanbul, je m'offre ce plaisir dominical. Du lundi au samedi à enchaîner les heures de travail, à mettre sa vie privée de coté, à se taper les bouchons pour rentrer chez soit tard le soir...le dimanche, c'est le repos complet ! Je laisse donc dans mon dos cette construction Génoise qui servait au 14ém siècle à repérer les incendies, pour descendre le quartier de Tophane. Je trouve mon barbier sur le pas de sa porte à discuter avec une bande de marmots à l'œil coquin. Son accueil toujours aussi chaleureux fait immédiatement disparaître mes derniers doutes sur le bien fondé de ma venue. Il n'est plus tout jeune mon barbier, son salon a sans doute connu des jours meilleurs et son coup de lame n'est plus ce qu'il était. Mais j'aime sa manière un peu précieuse de déplacer ma tête pour y faire glisser son rasoir et, une fois son travail accompli, d'y claquer ses mains emplies d'eau de Cologne et de deposer sur mes joues redevenues imberbes une fine couche de talc. Je ressors de chez lui débarrassé de ma gueule de bois et je décide alors de pousser jusqu'au bazar Egyptien pour y acheter des fruits secs. Je dois bien ça à mon estomac et à mon foi après ce qu'ils ont subis la veille ! C'est d'un pas plutôt assuré que j'arrive au bord de la Corne d'Or. On a beau venir régulièrement ici depuis 5 ans, le spectacle offert à cette heure par cet estuaire situé à l'entrée du Bosphore est toujours saisissant. Alors que de nombreux pêcheurs sont encore à pied d'œuvre et que l'eau prend forme d'encre, le soleil se retire derrière l'énorme mosquée de Süleymanye en déposant sur les nuages alentours de longues traînées rougeoyantes. Les mouettes qui suivent les bateaux de passagers jusqu'à leur embarcadère tournoient ensuite autour du marché au poisson et leurs silhouettes passent et repassent devant les 4 minarets. Sur le pont qui rejoint la vieille Constantinople, je remarque un couple d'amoureux contemplant le spectacle offert par la nature. Elle pose tendrement sa tête sur son épaule pour se protéger du vent qui commence à se lever et, pendue à son bras, laisse apparaître un sourire rayonnant. Lui n'est pas peu fier d'avoir une si jolie fille à ses cotés même si c'est vrai qu'elles ne manquent pas dans cette mégalopole de 15 millions d'habitants. Son torse se gonfle quelque peu, tentant de manière touchante de donner une attitude virile à son corps tout juste sortie de l'adolescence. Ils gravissent ensemble les marches qui les conduisent sur le niveau supérieur du pont en riant de leur bonheur partagé. Avant de faire mes achats, je m'arrête quelques instants à la "mosquée neuve", située juste après le pont. Pensez, elle n'a que 400 ans, une jeune fille dans cette ville trois fois millénaire ! Assis à même le sol, je me berce au son des sourates murmurées par les fidèles. Un instant, j'échappe au tumulte de la ville et en profite pour admirer les jeux de lumières sur les faïences murales. Quand j'en ressors, l'obscurité commence à poindre et c'est le moment où toutes les mosquées lancent l'une après l'autre l'appel à la prière. Inutile d'être croyant pour être touché par cette immense chorale quand les voix des muezzins se répercutent d'une colline à l'autre... Mes emplettes terminées (figues, arachides, noix de cajou), je m'arrête sur le chemin du retour au marché au poisson. Un bar me fait de l'œil mais je le voit venir, le fourbe. On ne m'y reprendra plus au moins jusqu'à la prochaine fois. Alors peut-être cette dorade royale...Ou les rougets mais ils sont bien petits...Non, ce soir ce sera saumon ! Si jamais vous passez dans le coin, faites donc signe à sansqueuenitete. La ville vaut vraiment le détour.

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