Emmène-moi !
Elle ne savait plus comment le lui dire. Les mots sétaient usés à force de servir.
Ces mots-là sétaient frottés à son indifférence. Elle pouvait en toucher la trame dénudée.
Ils sétaient rétrécis avec le temps. Réduits à leur plus simple expression : et moi ?
La coordination du toi et moi était rayée, comme la corde dun vieux tapis. Le trait dunion avait disparu et avec lui, le tutoiement de la vie.
Elle ne savait plus que lui dire. Les mots ne la nourrissaient plus. Ces mots-là sétaient décharnés.
Elle pouvoir voir la trouble transparence de leur timbre terni. Un souffle tenu, rond de buée sur le miroir de ses yeux : et
moi ?
Elle était devenue une ellipse, une éclipse. Un clip que lon attache au revers de la vie.
Elle était devenue une parcelle, une part delle. Une part de celle que lon sarrache du coeur.
Il nentendait pas les mots démoi, les mots despoir qui sagrippaient à son bras,
sa main sur ses lèvres exsangues les avaient bâillonnés.
Je reviendrai bientôt avait-il dit.
Alors sa longue supplique sétait tue
Elle lavait regardé partir une fois encore. Une fois de plus. Voyageur inlassable, sans bagage inutile. Seul.
Elle avait habillé ses souvenirs de grands linceuls blancs, emballé avec soin ses mots chéris,
les avaient déposés au creux de sa nuit.
Un jour, les poserait au creux de sa main, en offrande à la vie.
La porte de la maison refermée,
Vide de mots, vide de maux,
sen était allée.
Elle nétait plus quun acronyme anonyme au bas dun parchemin.
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