Ignacia, Ignacia, ignacia
Ignacia Maria Cleta !
Dis
dis-moi
dis-moi encore
juste comme ça, en écho de souvenirs
Ta voix embrumée et un peu rauque, comme un murmure, ta façon de dire « ma grande » avec ce R à peine roulé comme un frôlement daile
Dis
dis-moi encore !
Ils men ont tellement dit ce jour là, tes yeux !
Tu racontais toujours
et toujours avec cet éclat du regard: la joie à létat pur, par-dessus toutes les souffrances.
Anecdotes qui défiaient les exils, lun après lautre, tranquillement.
Un film
toujours celui de gens qui saimaient
guimauve que tu transfigurais. « Le baiser de la femme araignée »
je ne peux mempêcher dy penser. Mais quelle était donc ta prison ?
Un jour tu te racontas teigneuse.
Je ny croyais pas
toi
si douce
Tu riais de si bon cur en racontant.
Le « señorito » était venu à cheval avec sa fille dans ce coin reculé de son domaine
pour réclamer son « dû »
Mauvais film.
Inquiète, tu le regardais de loin parlementer avec ton père
La petite fille, descendue de son cheval, te toisait
et
entre tes doigts tu as pincé fort, très fort ses deux joues en disant : « Ay, que bonica ! »
Rires, rires, rires
Mais comment donc en arrive-t-on à ce moment où tes yeux se brisent comme une vitre ?
↧