les émotions (3) effet placebo, effet nocebo par Fautvoir

Jusqu’où les émotions peuvent-elles influer sur la manière dont notre corps fonctionne ? Suite de la retranscription d'une des émission de Jean-Claude Ameisen "sur les épaules de Darwin" France Inter le samedi matin à 11 h... Émission à écouter ou podcaster !!! Parmi nos émotions il y en a qui concernent notre manière d’appréhender l’avenir et qui dépendent souvent de nos interactions avec les autres, de nos attentes. C’est l’espoir, c’est la confiance. Et depuis longtemps la médecine a remarqué les effets mystérieux sur le corps de l’espoir et de la confiance. C’est ce qu’on appelle l’effet placebo. L’effet placebo a longtemps été considéré par la médecine moderne comme un problème gênant parce que lorsque l’on donne à quelqu’un une substance qui n’a pas d’activité sur la maladie comme un peu de farine dans une gélule, eh bien si la personne pense que c’est un médicament, si elle pense que ça va l’aider à guérir, il y a souvent un effet bénéfique sur les symptômes ou le développement de la maladie. Il ne suffit pas que la personne le croit, il faut que la personne qui lui donne le placébo le croit aussi et donc on voit que la confiance, l’espoir, c’est contagieux ! Si la personne qui le donne sait que ça n’agira pas, que c’est simplement un placebo, ça se lit sur son visage, ça s’entend dans sa voix. C’était ennuyeux pour la médecine parce que ça voulait dire que lorsqu’on veut voir si un médicament qui est actif marche, il faut faire la preuve que ça marche mieux que rien… Parce que rien a un effet ! La confiance, l’espoir, ont un effet. Ça ne fait qu’une dizaine d’années que des chercheurs se sont posé la question de savoir comment ça marche, comment l’espoir et la confiance modifient le fonctionnement du corps ? Ça a été testé dans un certain nombre de situations, des douleurs chroniques du visage, on donne un placebo et la douleur disparaît. Qu’est-ce qui se passe ? Elle est en train de fabriquer l’équivalent de la morphine, l’équivalent d’un antalgique : des endorphines. Et donc elle secrète, libère ce qui va entrainer la disparition de sa douleur… Ça a été testé aussi dans la maladie de Parkinson où il y a une disparition progressive de petites régions qui permettent la sécrétion d’un médiateur important : la dopamine. Et c’est pour ça qu’on donne la L-DOPA, la substance qui permet de la remplacer. Si l’on donne un placebo, souvent la situation s’améliore. Et des études récentes ont montré que la personne qui croit qu’elle va aller mieux, qu’on est en train de la traiter, fabrique un surcroît de cette dopamine qui, justement, lui manque. Ça veut dire que l’effet placebo, la confiance, marche au moins dans ces cas parce que croire qu’on va aller mieux, qu’on va être aidé, fait que le corps se met à se soigner. L’effet placebo est cet effet positif de la confiance, de l’espoir sur le fonctionnement du corps. Il y a l’inverse, croire qu’un traitement ne va pas marcher, croire que ça ne va pas aller mieux, peut au contraire empirer l’état du corps et c’est ce qu’on appelle un effet nocebo. Et ça pose une question qui est une question complexe : celle de l’information médicale. (à suivre)