De nouvelles tristes nous parviennent de certains pays arabes, où des jeunes , en Mauritanie, en Algérie, en Egypte , au Soudan, ont répété le geste de Mohamed Bouazizi, ils se sont immolés .
Mais si le geste de Bouazizi était le summum du désespoir, le leurs était le summum de l'espoir, celui de déclencher le même mouvement populaire contre leur pauvreté, leur marginalisation et leur manque de liberté.
Quand on voit que de jeunes jordaniens , qui manifestaient au début pour demander l 'amélioration de leur pouvoir d'achat, et qui demandent aujourd'hui la démission de leur gouvernement, quand on voit les slogans des manifestants en Egypte et au Yemen qui se radicalisent, on se rend compte que ces peuples qui ont passé de longues années sous la dictature, n 'aspirent pas seulement au pain quotidien, mais ils ont réalisé aussi que ce pain
n 'a pas de goût s'il n'est pas consommé dans la dignité et la liberté .
Ce nouveau type de suicide commence à faire bouger les choses pas seulement dans les pays arabes.
D'un côté, nous avons le peuple dans les pays arabes qui réalise qu'il pourrait faire tomber ses oppresseurs pacifiquement, si puissant qu'ils soient, puisque Ben Ali est reconnu comme l 'un des pires dictateurs arabes.
De l 'autre, nous avons les dictateurs qui commencent à s'inquiéter pour leur trône et même pour leur tête.
Certains d'entre eux ont commencé à réagir en baissant les prix des matières essentielles comme en Algérie et en Syrie.
D'autres, à l 'instar de Kaddafi, s'est moqué de ce mouvement populaire.
D'autres encore, gardent le silence et continuent à faire la sourde oreille aux revendications légitimes de leur peuple.
De l 'autre côté, on a les grandes puissances qui ont toujours bien voulu fermer les yeux et se boucher les oreilles sur les abus et les injustices commises par ces dictateurs à l 'égard de leur peuple, et les ont toujours soutenu pour garder leurs propres intérêts.
Ces grandes puissances commencent à s'inquiéter maintenant car elles n 'ont pas vu arriver la révolution des jeunes Tunisiens.
Elles commencent à revoir leurs théories, qui ont toujours misé sur la passivité du peuple et son incapacité à faire changer la politique du fait accompli.
Elles commencent à prendre l'affaire au sérieux, car elles ont peur que cette révolution ne se généralise, parce qu'elles n 'ont jamais voulu la démocratie pour les autres;
regardez le type de démocratie que les USA ont offert à l 'Iraq et la position de tous les pays occidentaux vis à vis de l 'application des élections démocratiques à Gaza malgré ma position envers le Hamas...
Ces puissances nous ont habitués par leur politique de deux poids deux mesures, c'est pour cela qu'on n' a pas du tout confiance en elles et nous leur demandons de ne pas fourrer leur nez dans nos affaires.
Mais en aucun cas nos jeunes ne doivent s'immoler, car leur vie est précieuse, ils doivent vivre, parce qu'on a besoin d'eux , on a besoin de leur voix pour crier avec les autres "à bas la dictature", on a besoin de leur bras pour démanteler l 'édifice des gouvernements impopulaires construits sur les crânes des opprimés, on a besoin de leur cerveau pour construire l 'avenir, un avenir radieux j 'espère, on a besoin d'eux pour baliser le chemin vers la liberté et le développement , mais on a aussi besoin du soutien des hommes et des femmes libres du monde entier.
Ecoutez ce que notre poète Aboulkacem Chebbi a dit:
Quand le peuple décide un jour de vivre,
Le destin doit se plier à sa volonté
La nuit doit disparaitre
Et les chaînes doivent se briser!
Et qui pourrait faire tout ceci sinon le peuple et à sa tête les jeunes?
Bouazizi a fait de son corps une mèche sacrée, tenez-la allumée, mais n 'en allumez pas d'autres avec votre corps!
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