Il a tant plu sur mes souvenirs que mes pages sen sont toutes retrouvées collées, agglutinées par paquets détrempés.
Un Mille-feuilles de bonheur englué dune déprimante mousson.
De lourdes tranches de vie humides et poisseuses que je nai pu sécher quen ouvrant les fenêtres
Quelle boulette ! A la tombée du jour mon passé mal en point était tout pétrifié !
De stupides tranches de carton, épaisses et sournoises comme des tartines de gosses. De celles qui étouffent les gloutons à la récréation.
Jai bien affûté mes griffes de vieux matou rusé et jai ouvert lalbum bien à plat sur mes genoux.
Dans lépaisseur des ans jai pu glisser les ongles. Ecartelant les mois, les semaines et puis les jours, jai épluché le temps jusquaux premiers instants.
Et comme un forcené jai tiré tant que jai pu pour tout remettre en place de manière efficace.
Tentative avortée
Des lambeaux dhier sont restées collés à dautres lendemains et des minutes en copeaux sen sont allés avec les mois.
Pitoyable tableau.
Dénormes nuages noirs comme des buvards de cancres répandaient leur cafard sur les roses de ma vie.
Dans lencre de mes cauchemars jai même cru voir voler des corbeaux de papier déchirés par mégarde.
Alors je me suis appliqué.
A bien glisser les doigts jusquau fond des saisons. Bien séparer la pluie du soleil et le gris du blanc. Des heures de patience, de douceur et dattention.
Les résultats sont enfin là
Les sourires ne sont plus balafrés comme de grosses miches de pain. Les pauvres gamins éventrés page après page par mon vilain carnage galopent à nouveau comme de gracieux lutins .
De plus, ces garces de couleurs se sont disciplinées. Chacune a retrouvé sa place à lintérieur du cadre. Le rouge avec les joues, le bleu avec les yeux. Le noir avec le soir.
Jai encore quelques soucis avec une page ou deux qui sentêtent à rire jaune dans le dos des photos.
De lor sur lenvers du décor ça fait plutôt désordre.
Ça prendra le temps quil faut, mais je ne désespère pas.
A son heure le soleil finira bien par venir éponger le reste de sa couleur.
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