Jusquà ce jour de mai 2003, Jean vivait sans plus détat dâme quun gros chat dont les deux questions existentielles se résument à « dans quelle tâche de soleil vais-je faire ma sieste ? » et « ma gamelle a-t-elle fait le plein de croquettes ? ».
Son travail lui laissait lesprit vide et de nombreux loisirs. Sa femme, plutôt jolie de ce naturel dont nul artifice ne saurait rehausser léclat, était une très bonne mère, soucieuse du bien être de la maisonnée, un peu trop ordonné et préférant faire les vitres à ouvrir un livre.
Les enfants grandissaient, peu exigeants des diktats de la mode ou des derniers jeux vidéos.
En été, il passait la tondeuse, gérait les barbecues et emmenait ses chéris à la mer.
Lhiver, il rentrait le bois de la cheminée, remplissait sa cave et emmenait ses chéris à la montagne.
Le pavillon sacquérait mois après mois à la propriété, la haie vive et le cerisier accroissaient chaque printemps leur frondaison, les monospaces se succédaient.
Une vie réussie, quoi.
Pourquoi, mais pourquoi, un dimanche autour du stade de foot où il encourageait les dribbles de son fiston avant de rentrer, sa main entourant ses épaules, vers la maison où un gâteau au yaourt embaumerait la cuisine. Donc, ce dimanche là, il écouta, dabord distraitement, son meilleur pote enfin, son pote, lui décrire la vie passionnante, euphorisante, exaltante quil avait découverte en fréquentant les sites de rencontres sur internet.
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