Aux matins du monde
Aux matins du monde, pare mes bras de dentelle noire
Puiqu'ils demeurent moirés de tes baisers du soir
Laisse mes épaules dénudées, frissonnantes à ton regard
Je porte l'empreinte de tes lèvres comme palette de fards
Aux matins du monde, pare mon visage d'un loup de dentelle noire
Au dessus de mes joues, mes yeux cernés brillent et redisent nos nuits
Laisse ces veines bleues palpiter, et tout ce désir visible qu'elles charrient
Appuie sur mon coeur, mon ventre et mes hanches les plus étroits nénuphars
Aux matins du monde me voici pâle, désarmée
Tu m'as effeuillée de toutes mes peurs une à une
Tu as recueilli ces larmes d'oiseau affolé
Tu m'as endormie de ta voix d'homme, de tes paroles de plume
Aux matins du monde, je n'ai pas dit "je t'aime", tu me l'as reproché
Dans mes nuits de femme, j'ai refermé mes ailes n'osant les déployer
Cette nuit, je t'ai offert ce que je ne suis pas sûre de posséder
Ces lumières, ces étincelles, l'insolente tendresse de ma liberté
Aux matins du monde, me voilà pâle et parée
D'éclats de lune, de sourires de dunes, et de nous murmurés
Sur ma peau, je ne veux que ton rire, ta joie comme seuls bijoux
Aux matins du monde, de ton seul amour parée
J'ose énoncer, prononcer le tout premier "Nous".
V.V
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