Oh ! Regarde ! par Mouettes

Madame Butterfly La 6 La « ligne aérienne » Les nuages n’y sont pour rien Derrière les biais de zinc sur les toits mansardés, les pans d’horizon sont gris Haussmann A la station Glacière comme ailleurs, l’overdose d’anthracite n’est pas loin Le bitume presque noir des deux quais est coupé net par la tranchée des rails En creux, les lignes fuyantes filent sur le ballast crasseux Les boulons des poutres d’acier ont peu à peu été engloutis par la couche annuelle de peinture grise, toujours grise Des pauvres pigeons s’obstinent à y courser leurs pigeonnes, en traçant des gymkhanas vertigineux entre les herses de piques Sur le quai, tout contre les briques de faïence, ils laissent leurs taches et quelques plumes, grises Mais ce soir, au dessus des têtes des voyageurs qui pestaient contre la rame qui n’arrivait pas, comme piégé contre la verrière enfumée, ce n’était pas un pigeon. Là-haut, coincée entre deux poutrelles, l’ombre chinoise qui frétillait à chaque mouvement d’air, c’était un énorme papillon d’hélium. Insecte incongru Un enfant avait laissé s’envoler son ballon. Dans la grisaille du quai, quelques voyageurs avaient levé les yeux et aperçu ce cerf-volant joufflu. Ce soir, à Glacière, certains passagers montaient dans la rame le sourire aux lèvres. Certains...