Matinée en pente douce, matinée indolente. Emmitouflée dans ma lecture, je paresse de page en page.
Effeuillage dun roman plein de soupirs et de volupté. Bruissements éloquents sous ma couette amoureuse.
Du fond de la campagne un bourdonnement subtil sinfiltre lentement. Dans les plis de lumière de mes voilages obscurs doucement il se fraye un chemin. Traversant les pans dombres qui languissent autour de moi il saccroche aux rayures de ma chemise ouverte
Une brise ingénue, illumine ma chambre et vient friser d'or ma toison en bataille.
A petits coups tranquilles, sous le soleil qui tangue, je me laisse aller aux plaisirs défendus.
Là-bas dans son jardin, il est grand, mince et blond. Au centre du gazon, sous l'effort et le plomb, son torse de bronze exulte. De sa tondeuse montent d'étranges vibrations, de diaboliques frissons.
En allers et retours au milieu de la pelouse, son indécente jeunesse se dépense sans compter. Et moi je m'imagine humble bouton de rose au milieu de ce champ où il peine en suant.
L'insolent m'effleure et me taquine en poussant sa brûlante machine. De sa cuisse nerveuse et luisante j'arrache d'impudiques caresses au parfum chlorophylle.
La rosée matinale inonde mes pétales. Après sa course folle je suis presque certaine que sa bouche assoiffée broutera mes corolles
Merveilleux coups de reins. Il va et il vient, jusqu'au bout du terrain et moi comme une catin je m'ouvre au vent coquin.
Ma honte s'en va rejoindre mes soupirs au plafond. Je mabîme dans un tableau inavouable et humide. Des parfums acides violent la douceur de mon lit et...
Mais saperlipopette que se passe-t-il donc ici ? Le bruit de la tondeuse s'est soudain arrêté. Avec lui les morsures du grand blond aussitôt envolées.
Contrariée, je rejette l'édredon et constate l'infamie.
En plein milieu du gué mon amant de plastique, sans prévenir s'est goinfré ma Duracell à usage intensif...
↧