Viens voir pauvre écartelé, les vestiges du carnage.
Les rameaux pendants de l'arbre dépenaillé.
Entends les lamentations des siamois séparés.
Regarde au fond des yeux les survivants hagards.
Tâte les fronts, les dos les culs des enfants abandonnés.
Débranche les bébés congelés, creuse un tunnel, fouille les détritus..
Entonne le chant de la défaite.
Portes fermées, fenêtres fermées, volets bloqués.
Les passants attendent, hésitent et se calfeutrent.
Je suis le seul à me mouiller.
C'est moi ton faux frère, c'est moi qui te hèle.
Je te parle ma langue, je te parle avec ma voix, avec mes mots.
Je te mets face à face, je te fais plier, je te défais.
Tu es arrivé trop tard, les dés sont jetés.
Il y aura une messe, une célébration, une absoute.
La foule se dispersera en silence, le pardon sera refusé.
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