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Promenade sentimentique et poétale par Capucine7434

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Promenade sentimentique et poétale… D’aucuns diront c’est le fond du trou du cul du monde, moi je dis NON ! C’est là que ma vie a commencée. Là que mes parents se sont installés quand ils se sont mariés en 1933… Là que nous sommes nées mes deux sœurs et moi… Là que nous avons vécus jusqu’en 1940, dans ce petit coin perdu au bord du Fier…où mon père électricien, travaillait dans l’une de ces petites centrales électriques perdue au milieu des bois, qui jalonnaient le cours du Fier, et qui produisaient la fée électricité… Les centrales qui par-ci par-là suivaient le cours de la rivière portaient toutes le nom de « FORCE DU FIER »… La notre, celle de Brassilly, plus loin, celle de Chavaroche, et d’autres encore jusqu’à ce que le Fier se jette dans le Rhône, juste après Seyssel. C’est là aussi, qu’hier avec mon fils, j’ai fait un petit retour en arrière… J’aime de temps en temps, revoir ces endroits où j’ai vécue… une sorte de pèlerinage… Le temps était à la pluie, après cette longue période sèche, où la nature avait mis sa flamboyante parure d’automne, où le jaune des feuilles donnait une lumière intense sous le ciel chargé de nuages… J’ai donc pris la route que nous faisions au temps de mon enfance, en commençant par Poisy, commune de ma naissance, qui a perdue son caractère agricole pour devenir une cité dortoir… L’église où j’ai reçu le baptême, elle n’a pas changé, avec son clocher élancé dont la flèche fine est surmontée du traditionnel COQ… Puis vers Lovagny où après l’église, j’ai bifurqué sur la gauche pour descendre brutalement vers le cours de la rivière, laissant à mi hauteur, à droite « le château de MONTROTTIER » puis plus bas encore « LES GORGES DU FIER »… Et me voilà en pays de connaissance, la petite gare est maintenant désaffectée, ainsi que le bel hôtel début vingtième siècle, où nous allions nous désaltérer avant de prendre le train pour la ville voisine… Annecy. Je continue par la petite route étroite mais goudronnée jusqu’au panneau à droite qui indique « barrage & centrale électriques ». La route soudain rétrécie, je traverse le petit passage à niveau aujourd’hui automatique et dont la maison de la garde-barrière a été rasée… Je longe le canal qui alimente la retenue d’eau, puis, le barrage est là, minuscule par rapport à mes souvenirs, et la maison du gardien a elle aussi été rasée… C’était pourtant une belle maison où vivait une famille de cinq personnes plus la grand-mère, avec un beau jardin autour, et des dépendances pour les chèvres, les poules et les lapins… Je continue la route serpentine qui remonte le cours du Fier à ma droite… Soudain, elle apparaît, blanche avec son toit d’ardoises, entourée de quelques pylônes, mais seule au milieu d’un enclos grillagé…Je la reconnais avec au faîte du pignon son ouverture en demi-cercle, comme celle d’une église romane… Sur les murs de côté, les marques encore visibles de « l’école »… la maison où je suis née, démolie elle aussi… place nette. L’ « école » que mes parents avaient quittée pour laisser la place à l’institutrice venue pour enseigner aux enfants dans ce coin isolé… Place nette aussi, et là, la nature a repris ses droits et envahi l’emplacement où était cette grande maison en L où les trois familles des employés étaient logées… Les Bard, avec six enfants, les Miffo avec un garçon et une fille de mon âge, et nous… c’est dans cette maison là qu’est née ma petite sœur. Je la revois encore cette maison, car il y a une quinzaine d’années j’y avais emmené ma petite fille. Le bâtiment était toujours là, désaffecté mais là… Le logement des Bard, face à la centrale, le notre dans l’angle avec sa petite cour où mon tas de sable était toujours là, et celui des Miffo au-dessus de notre cour, qui donnait sur le bois de pins… où plus loin ma mère avait sa basse-cour et sa corde à linge. Dans ce paradis perdu, chacun élevait poules canards et lapins pour sa propre consommation, parfois une ou deux chèvres pour le lait et surtout cultivait un beau jardin… L’épicier et le boucher passaient une fois par semaine et le boulanger trois fois. Le Fier fournissait le poisson qui paraissait sur la table plusieurs fois par semaine… Les femmes allaient à la pêche et faisaient leur menu en fonction de leurs prises. Grosse truite ou petite friture, c’était selon… Les hommes chassaient le lapin et le gibier à plumes. La pinède fournissait les pommes de pin pour allumer le feu et était généreuse à la saison des champignons. Seul inconvénient dans ce microclimat, couleuvres, lézards et vipères y abondaient, mais la cohabitation avec les précautions d’usage s’est toujours faite dans le respect des uns et des autres. Il ne reste plus rien de ce lieu de vie, mais la centrale est toujours là, et je suis persuadée qu’un jour ce petit hameau de Brassilly en bas, aujourd’hui rayé de la carte retrouvera une seconde vie grâce aux énergies renouvelables… La vie, comme la mode n’est elle pas un éternel recommencement ? Bref, une belle promenade où mes beaux souvenirs sont toujours aussi vifs. Heureuse et riche de l’avoir vécue il y a longtemps et hier revécue encore. Capucine Annecy le 5 novembre 2011

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