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Princes des tribus, ces poètes, ces fous… par Fiordilidji

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Souvenir du temps illustre où l’Arabie fut balayée par un étrange et puissant vent poétique. Là bas vit la poésie, une poésie sans frontières, reflet immuable d’un homm absolu. Le poète occupait une position privilégiée au sommet de l’échelle sociale, il était « le prophète de sa tribu, son véritable chef dans la paix et son héros dans la guerre ». Il était plus puissant qu’un orateur car la poésie a sur la prose l’avantage de marquer les esprits d’une manière plus profonde et plus durable. Son verbe à lui seul avait force de loi, de sentence Apprendre les vers et les déclamer devint une secondes nature chez les Arabes de cette époquet. La parole, le mot fascinent expriment des sentiments à l’état brut dans leur puissance originelle. Les jeunes et les vieux s’assemblaient pour écouter avec extase les poèmes récités et se livraient à de véritables joutes poétiques. On a l’impression en lisant ces poèmes qu’ils avaient été composés pour être déclamés tant se fait sentir l’accent oratoire à travers les mots et la structure des phrases. Ces poèmes, étaient servis par une langue magnifiquement sonore et une cadence ample des vers. Le grand nombre de poètes , le raffinement de leur art occupe une place monumentale dans la littérature, l’histoire et la civilisation arabes. La poésie est l’école de formation de l’esprit. Descendants des héros païens d’Homère et ancêtres des chevaliers du moyen-âge chrétien, ces poètes chantaient la fierté du sang et la noblesse de l’action, Les poèmes exhalent un puissant et sûr parfum de vérité qui leur confère cet étrange pouvoir d’incantation, d’envoûtement. Outre l'extraordinaire permanence qui caractérise la langue arabe, elle a au niveau morphologique, partie liée avec la poésie. . Les racines trilitères se prêtent à une flexibilité, à des acrobaties morphologiques, permettant une densité d’expressions particulièrement appréciable. Cette dérivation morphologique, d’une grande musicalité, peut charger les vers d’accents nouveaux, elle est source de rencontres sémantiques, phoniques, ou grammaticales étonnantes, de répétitions, antithèses, homophonies, allitérations, chiasmes, véritables matériaux pour la beauté du vers. Et cette implacable métrique, ce culte de la rime, unique s’il vous plait, d’un bout à l’autre du poème. ..Qu’il y ait un vers, qu’il y en ait cinquante, il y a dans la poésie arabe classique l’exigence d’un seul retour sonore. On pourrait donner à ces modèles prosodiques, une image de la métrique grecque par exemple, auxquels vient s’ajouter la douce tyrannie de la rime unique . Par l’amplitude des voyelles longues opposées aux voyelles brèves, par une richesse consonantique remarquable, s’élabore une musique soutenue, un rythme qui jaillit, et cet envoûtement qui vous saisit. Le lyrisme éclatant, comme enivré de lui-même conduit vers une jubilation, un charme premier suscité par cette passion rude et sans apprêt. Une telle célébration appelle la grandeur et rejette la bassesse des sentiments étriqués. On le sait, il y a des mystères en toute littérature, la poésie arabe en est prodigue. Tous, ils sont passés, rien n’a changé. Poètes ils le furent…. Princes ou vagabonds qu’importe ! un même sang coulait dans leurs veines, celui de la poésie vivante et vécue , de cette fête permanente du vers arabe !

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