Après le coup de fil de la police, je nai pris le temps que dappeler mon associé pour quil fasse la présentation de notre projet seul
je ne serais pas là, pas possible malgré ces mois passés de boulot et de stress. Après ce coup de fil, un vol dune heure trente et une course de taxi de 15 minutes, jy suis arrivé ! Linspecteur Debuis me reçu et me donna la lettre quil avait retrouvé là-bas abandonnée sur la table basse
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Il quitta la pièce et je lu cette dernière lettre :
« Il était une fois, l'histoire d'un jeune homme ou plutôt, l'histoire d'un jeune garçon. Ce jeune homme avait 20 ans
Nous sommes en 1994. En août plus exactement ! Dans un mois, il partira à Mulhouse, loin de ses parents,
ces parents ! Oui ceux qui se déchirent pour des choses qu'il ne comprend pas ou du moins, le sent-il intimement pour des choses qu'il lui serait insensée de comprendre
Vient le jour du départ, il est excité, il sera enfin seul, unique, libre enfin de faire ce qu'il veut, de se balader sans penser à l'heure qu'il va être, de se masturber en pensant à l'image prétendue vraie qu'il s'est fait de la femme, à vivre tout simplement en nallant se coucher que lorsqu'il l'aura désiré.
Cet homme, ou plutôt cet enfant se sentira vivre et échappera enfin à l'idée qu'il avait de voir il y a bien des années ces parents, sa mère - puisque son père finalement ne lui semble que si peut présent - souhaiter mourir dans un accident de voiture, ... l'imagination étant au summum de sa production meurtrière ! Mince, quelle ponctuation peut trouver son sens dans une pareille pensée ?
Première seconde, première minute délicieuse de liberté jamais retrouvée, première heure de bonheur libératoire, première journée Seul. Je ne me souviens de ce moment que par un curieux sentiment doubli de moi-même, cet autre qui sappelait moi !
Bien souvent jessaie de me rappeler cet instant magique perdu ou denfant je suis devenu adolescent avec toute lhorreur avilitrice des sens que cela impose : le reniement, le sexe, lamour, le romantisme, la fougue, cette bêtise délicieuse quest linnocence, le rêve : réel celui-là, pas celui du cinéma, non le vrai celui qui ne sunit quavec le mot liberté. Celui qui je le sais aujourdhui fait atrocement souffrir ces âmes qui ny sont pas préparée ! Mon âme ! Moi
Oui jétais libre et pourtant quen faire ? Que faire de cette liberté extrême qui soudain métait donnée, quen produire : de la joie, du malheurs, de linconscience ou de la production nevro-psycho tout ce que vous voulez qui puisse se lier à la douleur dexister ? La famille ou soi, lequel est à blâmer ?
Alors rien, jai fait ce que je devais faire : aller à la fac, me réfugier dans le cinéma (dans ce quil devenait aussi de plus merdique). Jai suivis des cours déconomie puisque jétais lun des meilleurs élèves de terminale G
Terminale G : le centre de la bêtise la plus crasse, la plus stupide, sans goût, en dehors des voitures, des couilles et des nichons siliconés ! Oui, messieurs, dames, Sardou a dit juste et je renchérirais plein de mépris « désolatoire » la terminale G est une réunion didiots notoires qui pousserais lespèces humaines à accepter le changement climatique dans ce quil a de plus pessimiste comme une solution finale à sa connerie historique. Jai partagé la vie de ces individus et grâce à eux je peux clamer : je mérite de vivre au-delà de toute probabilité intellectuelle, jai connu la connerie majuscule !
Phil je mapprête à écrire une chose qui me semble proche. En voici les premières lignes.
Pourquoi ce soir ? sans doute par ennui, et puis un autre sentiment que je navais pas ressenti depuis 10 ans, celui de me déshabiller afin de me laver de mon histoire sans pour autant la renier. Oh, elle nest pas bien terrible, pas de brutalité, pas de viol, non juste une histoire, mon histoire, pour moi.
Est-ce que cela à un sens : non, seul ce que jen ferais le lui donnera. Jai 33 ans, peut-être que je le découvrirais tantôt.
Bye »
que dois-je en penser ?
Au travers du hublot, durant le vol de retour je regarde le ciel
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