Une tranche de vie, dit-on ? De toute une vie. Ou un éclair qui revient, qui percute, qui soulage, qui pose des questions sans réponses ?
Il y a longtemps, le temps d'une autre guerre, l'amour continue pour la paix surtout intérieure, j'ai tout donné pour l'absence de conflit. Aujourd'hui je me rends compte que ce n'était rien, emportait par l'espoir. Oh, ça a commencé doucement, des manifs contre les essais nucléaires et le strontium 90, des rendez-vous et discussions avec parlementaires.
Une photo d'une champignon atomique sur des lambris en bois : "Vous êtes fier de ça Monsieur ?"
"Vous êtes si jeune d'être déjà un traître à ton pays."
"Et vous, vous n'êtes pas encore assez vieux d'être conscient de ce que vous faites."
Les années passaient. Les vacances de Pâques, la longue descente dans le Sud profond pour enregistrer les Noirs sur les listes électorales dans le pays de lynchage. L'arrestation, le tabassage, l'incarcération, le tribunal si blanc, un procès truqué.
"Vous n'avez rien à faire ici. Vous ne connaissez rien de notre pays."
"Je vous connais, Monsieur le Président, parce que je connais le mal que je peux faire moi-même, mais à la différence de vous, je ne le fais pas, je fais le contraire. Comme vous un de ces jours."
"Comment ça?"
La guerre. J'ai dit non, mille fois non. Service obligatoire civil auprès des camés, collègues assassinés, flics véreux. La pourriture. Des discours passionnants devant des foules. Et toujours la même démarche : "Avec mes arguments raisonnables les gens deviendront plus raisonnables, plus conscients."
Ensuite, l'exile, à jamais.
Et puis, beaucoup plus tard, un éclair. Dans le midi
..
L'environnement. "Oui, c'est bien, pourvu que ce ne soit pas à côté de moi."
Oui, les choses ont changé, évoluaient, et rien n'a changé. Il faut toujours recommencer. Ce qui a changé, c'est la volonté de changer, de s'engager, de risquer sa peau. Et je me suis demandé comment j'aurais pu être si aveugle. Ce n'était pas à cause de moi et mes compagnons qu'une obscénité et une injustice si évidente pouvait mordre la poussière. Non, c'était parce que Monsieur dame Lambda voyait que c'était dans son propre intérêt que les choses virent dans un autre sens, et les meilleurs arguments du monde ne peuvent rien sans cette étincelle.
La jalousie, la convoitise, l'envie, voire le carburant de la publicité, ne donnent pas beaucoup d'espoir. Mais la Conscience que la défense de ses propres intérêts, individuels et surtout collectifs, pour le bien-être de tous, peut faire basculer tout pour le meilleur.
Contradictoire ? Oui. L'histoire d'une vie riche et mouvementée.
Premier com. Ne soyez pas trop dur
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