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Le petit internat par Idzig

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Le petit Internat Lorsque je suis arrivé dans ce pensionnat, annexe d’un collège et d’un lycée, j’avais huit ans. Le petit pensionnat était dirigé d’une main de fer par Mr et Mme …….. Leur bureau se situait juste sur la droite après avoir passé le porche d’entrée. Dans ce bureau, le directeur avait accroché au mur des cravaches. Je ne sais pas s’il pratiquait l’équitation mais en tout en cas il en avait un autre usage. Je crois que s’était plutôt fait pour intimider mais à l’occasion, il n’hésitait pas à mettre en application. Je ne pouvais m’empêcher d’y penser, cela me terrorisait. Le pensionnat était installé dans un ancien hôtel particulier, un lieu clôt, entouré de hauts murs, afin de nous dissuader de toute idée de nous faire la belle. Bien au contraire l’enceinte carcérale ne pouvait que susciter en nous un fort désire de liberté, d’évasion, un petit gout d’aventure déjà à mon âge. En réalité je ne me suis jamais fait le mur, étant trop petit, et n’ayant certainement pas eu le courage de suivre les grands. Au rez de chaussé de l’immeuble, il y avait les études, et les deux étages du dessus étaient composés de dortoirs et des chambres des pions. Ceux ci étaient desservis par de très larges escaliers en bois qui sentaient fortement l’encaustique. A l’occasion, dans nos moments de débandades nocturnes nous utilisions nos matelas pour descendre ces escaliers comme si s’était des luges. Les dortoirs acceptaient une vingtaine de petits lits en fer, recouverts d’un drapé brodé blanc. D’un coté du dortoir, il y avait les lavabos surélevés d’un vieux miroir piqueté par l’humidité, et à l’opposé un bloc de casiers ouverts pour mettre nos affaires et nos valises par-dessus. Nos lits étaient espacés d’un mètre les uns des autres. Chaque samedi matin, je remplissais ma valise le cœur gaie en préparation d’un retour chez mon grand père au bord de la mer. Je n’étais pas le plus malheureux des pensionnaires car je savais que certain de mes camarades allaient rester, et ne rentreraient dans leur famille ou leur foyer d’accueil qu’à la fin du trimestre. Le réfectoire était dans une autre bâtisse attenante face un bureau du surgé. Il était aussi équipé d’un grand placard ouvert avec des box permettant de ranger nos boites à provision fermés par un petit cadenas vachette que l’on nous avait fourni dans notre trousseau en début d’année. Dans ma boite à provision, chaque semaine ma grand-mère glissait une boite en carton paraffiné, de beurre salé, à la marque «Beurre d’Isigny», une tablette de chocolat Poulain, du sucre en pierre emmailloté dans un papier kraft, un pot de confitures de fraise recouvert de paraffine et d’un papier sulfurisé tenu par un élastique, quelques pommes du jardin, et d’autres friandises de type pâtes de fruits, ou de temps en temps du pain perdu qui restait du dimanche, ou d’un grand pot de tour-goule. Je ne quittais jamais la maison sans mes osselets, mon sac de billes en terre et mes calots. S’était plus important que mon cartable. J’étais fier de rapporter le samedi midi mes trophées lorsque j’avais pu faire de bons échanges enrichissant mon patrimoine d’enfant. Mon grand-père me faisait des recommandations : «c’est bien mon gars » me disait-il « mais j’espère que tu n’as pas triché, il faut être honnête dans la vie » lui qui trichait de temps aux cartes, car aux dominos s’était déjà plus difficiles. Il y avait aussi un préau sous lequel nous faisions d’acharnées parties d’osselets assis par terre en tailleur. Nous transformions régulièrement le préau en un cours de pala ou nous jouions à main nue avec des balles de tennis. Nous n’avions que cela à faire le jeudi en dehors d’aller faire nos 15 kms à pied en rang par deux autour de Bayeux. J’ai aussi un souvenir très précis de mes punitions ! Elle pouvaient être collectives : les pions nous mettaient à tourner en rond en rang d’oignon tout autour de la cour, qu’il fasse froid, qu’il pleuve, qu’il neige ou qu’il fasse soleil. Individuelles aussi à ramasser les papiers ou bien à genou sur une règle dans la salle d’étude, le nez collé à une pièce de monnaie plaquée au mur. Il ne fallait surtout pas la faire tomber car le pion, aussi con que sadique, nous renouvelait les sévices pour une demi-heure de plus. Mais parmi les bons cotés, car il y en avait, j’appréciais plus que tout, nos banquets nocturnes que nous partagions aux heures ou les pions et le surgé dormaient. C’est peut-être pour cela qu’encore aujourd’hui j’ai ce même plaisir des bonnes bouffes entre amis. Les victuailles que chacun avait apporté en cachette en début de semaine alimentaient ses banquets: les rillettes bien grasses d’un tel de la région du Mans, et le pain que nous avions mis dans nos poche en sortant du réfectoire, la tourr goul de ma grand-mère, et d’autres galettes aux pommes. Nous nous installations avec nos piles électriques wonder par terre entre quatre et six lits, rangés en rond comme des convois de chariots de cow-boys lorsqu’ils étaient attaqués par les indiens. La nuit se terminait très souvent par une bataille de polochon entre les deux clans ennemis, improvisés pour l'occasion. Nous faisions ripaille à peu près deux fois par mois, et très souvent nous nous faisions prendre, mais je me rappelle bien que certains pions, âgés de cinq à dix ans de plus que nous, fermaient les yeux, et repartaient dans leur chambre avec quelques gourmandises qu’ils nous avaient taxé au passage, après nous avoir donné quelques conseils d’anciens. En hiver, il ne faisait pas chaud par moment dans le dortoir, 5° ou quelque chose comme ça, il y avait du givre sur les vitres intérieures; quelquefois l’eau des lavabos était gelée le matin, et nous ne pouvions nous laver. A 6H45 la cloche du réveil du matin sonnait : il allait falloir faire très vite pour se laver et s’habiller car il faisait froid ; alors je passais encore quelques minutes bien au chaud sous ma couverture, mais arrivait un pion qui venait me secouer. Après le petit déjeuner nous quittions l’internat en rangs serrés pour l’école située à un kilomètre du petit internat. . J’ai passé deux années dans cet internat, jusqu’en sixième; deux années ponctuées de week-end et de vacances chez mes grands parents, au bord de la mer, et finalement j’en garde un bon souvenir. PS: voir photos du petit internat sur mes photos ( photos récentes)

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