Sous mon évier, y a le meuble à sac plastique. Il déborde, y en a plein, de toutes des formes, textures, couleur, marques. C'est un joyeux bordel inutile. Les traces informes et cachées de mon consumérisme parfois effréné.
Le pire est que je ne les recycle pas en poubelle. Non, c'est pas pratique un sac plastique en sac poubelle. Surtout ce serait mélanger torchons et serviettes et quelque part souiller mes drôles de madeleines.
Chaque matin, même rituel avant de partir . J'ouvre le meuble, je fouille, j'hésite puis je choisis l'élu du jour qui transportera ma gamelle ou n'importe quel truc à trimballer . Jusque là rien que du très banal, j'ose imaginer que chacun d'entre vous fait ce rituel idiot au quotidien.
Le choix ne se fait pourtant jamais du point de vue de l'adaptation du sac vis à vis de son contenant. Non, parfois ça ne va pas du tout ensemble. Ni par rapport à ma tenue ( le rose du sac monoprix qui fait ressortir le bleu de mon jean). L'élu sera toujours tiré de son placard , en lien avec l'humeur du jour.
Tenez ce sac. Je l'ai trouvé chez ce garçon, planqué dans son étagère à sac. Dessus, pas de marque, rien. Un dessin rétro d'enfants qui s'amusent avec leurs jouets. Je le garde et le sors de temps en temps quand son absence à lui m'est trop pénible. Je me dis alors " Tiens , je vais me promener avec un bout de toi aujourd'hui". Le sac suit mes faits et gestes toute la journée puis retrouve ses confrères le soir tombé.
Ou encore celui-ci d'une épicerie lisboète sans intérêt. Le sac est vilain, blanc avec un logo à la con. Mais dans cette épicerie, nous avions trouvé de quoi se faire un fabuleux repas avec ma cops durant notre escapade à Lisbonne. Alors, quand l'envie de voyage se fait forte, ou que la saudade me chatouille les idées, hop, je le ressors , même s'il ne ressemble à rien.
Un autre me rappellera, un jour où la perspective d'une journée surchargée en taff est plombante, l'émotion d'une expo car c'est forcé, après l'expo, c'est direction la librairie de l'expo, et c'est tout aussi forcé, j'achète un livre, une affiche, et donc, c'est forcé sac !
Certains affichant pourtant en gros les marques d'habillement à la chaine, sont conservés parce que celui-ci a contenu la robe d'un premier rendez-vous, celui-là une paire de chaussures pour un week-end amoureux...
Il va s'en dire que cette boîte à souvenirs grossit invariablement, sauf les jours où je décide de tirer un trait sur certains souvenirs. Alors que d'autres déchireraient, jetteraient des lettres ou des photos, moi je trie mes sacs plastique, assise au pied de mon évier. Et là pas de quartier, ceux que je ne peux plus saquer finissent dans le ventre gris du cousin poubelle.
Et vous, vous en avez aussi des trucs bizarres à souvenirs?
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