Elle ne dort plus. Cest long une nuit, quand on attend le jour.
Elle sort, allume une cigarette.
Volutes bleues, rêve enfui,
Brouillard détoiles.
Regard qui se voile.
Vivre encore, sourire, mentir,
Oublier cet objet de désir.
Retourner dormir, se cacher.
Que faire pour combler ce vide ?
Depuis quelques temps elle n'écrit plus.
Celui qui lui écrivait a tourné la page.
Est-ce si grave, au fond ? Il y a tant de gens qui n'écrivent jamais ou par hasard.
Qui lisent, sortent, font du sport, ou peignent en écoutant Mozart.
Qui rigolent, qui pleurent, qui font l'amour ou qui font la gueule.
Le monde ne s'arrêtera pas pour une plume inerte. Pour un clavier en panne.
Elle n'écrit plus.
Sa vie est en suspens. Ces mots, qui se refusent à sortir, la tyrannisent, lui brouillent l'esprit. Elle les sent devenir fous au-dedans d'elle, comme des oiseaux en cage. Ils lui font mal.
Alors elle se met au clavier, qu'importe ce qui sortira, qu'importe la forme, juste pour soulager le trop plein. Mais rien ne vient. Rien. Pas un mot, pas un seul. Ça se bouscule au-dedans d'elle, ça se cogne dans sa carcasse, mais aucun mot ne trouve la sortie.
Elle s'écroule sur son lit et s'y recroqueville en chien de fusil. Ses bras serrés autour d'elle, pour calmer ses tremblements.
Elle n'écrit plus.
Pourtant, lécriture, c'est sa vie, celle de maintenant.
C'est ce qui la rend vivante, et même parfois heureuse, par moments.
Elle sait que ce nest pas normal, que ce nest pas ça, la vraie vie.
Elle vit la vie quelle peut.
A défaut damour, elle aime être entourée de mots. De phrases bien faites. De jolies tournures. D'histoires pétillantes, qu'elle peaufine sans relâche. Elle sait depuis longtemps que ses respirations sont faites d'encre. Et que sans écrire, elle étouffe.
Elle n'écrit plus, on ne lui écrit plus, ce n'est pas la première fois. Il suffit de peu, pour rompre l'équilibre.
Comme il lui suffirait de peu pour retrouver lenvie de vivre, lenvie décrire.
Elle n'écrit plus. Ça reviendra, elle le sait, mais ce n'est pas pour cette nuit.
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