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Ceci n'est pas un com par Annaconte

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Ben alors Emma, j'ai bien reçu le bouquin*, il est arrivé pile la semaine où je jouais à super-mamie avec mes trois petits bouts d'amour, et cela m'a pris déjà une journée avant que de pouvoir le sortir de son paquet, un autre jour avant de l'ouvrir, et un autre encore avant d'y jeter un oeil....au quatrième jour, j'ai profité d'une sieste de la petite dernière, pour m'y coller comme à un pensum, histoire d'être fair-play et de jouer le jeu mais préoccupée par l'intendance et freinée par la gestion des repas, j'avoue que je trainais un peu les pieds. La sieste a duré une heure et ma première lecture aussi, du coup. Cela a suffi. J'étais déjà scotchée. Je n'ai pas pu reposer le livre. J'ai préparé le goûter entre la page 48 et la page 51 et fait déborder le lait à la page 52. A la page 55, c'était vraiment le boxon autour de la table, et j'ai du renoncer. J'ai tout de même prétexté un petit pipi pour courir jusqu'à la page 58 soutenir Margherita Sarfatti en proie à une féroce jalousie s'efforçant de détourner son cher Benito de cette gourgandine de Romilda Ruspi ! Le lendemain même heure, je n'avais guère avancé quand Carla Petacci débarqua dans la vie du Duce, mais je ne la quittai plus d'une semelle celle qu'on appelait la chienne de Mussolini et qui répondait "là où va le maître va le chien"......... Bon là Emma pour être honnête, je rame avec mon ouvrage dans la poche, que je trimballe de la chambre à la cuisine et du salon à la terrasse, entre deux biberons et trois couches culottes, un gros câlin et un conte de fées, que je tente de feuilletter comme une voleuse, depuis des jours sans pouvoir avancer et je me sens frustrée de ne pouvoir me caler tranquille dans le fauteuil au soleil à dévorer ces révélations et à me repaître de ces anecdotes croustillantes et stupéfiantes, Ma réelle ambition, de lire ce livre, n'est pas compatible décidément avec la garde d'enfants ! Car il fouaille si bien dans nos propres fantasmes qu'il réveille en nous des démons insoupçonnés ! Depuis la tragédie antique, depuis Racine en tout cas, mais vous allez dire que j'exagère, rien ne raconte mieux par le menu et l'anecdote, les relations amoureuses, les étapes de la séduction, les affres de la jalousie, le désir entre un homme tout-puissant et une femme triomphante certes, mais dont la destinée souvent sera funeste. "Les femmes de dictateurs" sont effrayantes de soumission et de complaisance. Elles nous fascinent par leur allant et leur beauté tout autant qu'elles sont fascinées elles-mêmes par leurs hommes despotes et violents. Elles nous troublent aussi par leur inconscience et leur futilité. Leur ambition et leur voracité. Elles interrogent notre part de femme en nous, et nous y renvoient. Et nous rappellent encore une fois que les histoires d'amour finissent souvent mal........"en général" ! Non, ceci n'est pas un com. De ce livre passionnant et foisonnant, - au style toutefois impersonnel, plus proche de la chronique que du roman-, que je n'ai pas encore terminé, , je ne peux en effet encore rien dire. Mais moi qui déteste d'ordinaire les ragots people, les commérages de caniveaux, et les bleuettes sentimentales, à ma grande honte (feinte), je me surprends toutefois à aimer ce poste de voyeuse, cachée derrière les épais rideaux de ces chambres très closes, étouffantes et lourdes de stupre et de poisons, à épier les faits et gestes de ces couples passionnés, à la fois ordinaires et diaboliques. Déjà j'imagine la suite -qui vient justement de paraître- elle nous promet de nouvelles révélations plus contemporaines encore ! Il n'est pas question en tout cas d'approuver ces déconcertants portraits de femmes, encore moins d'applaudir ces égéries admiratrices de despotes, qu' Eric Zemmour lui-même ne s'était pas privé de dénoncer avec sa virulence habituelle : c'est vrai que l'image de la femme est mise à mal ; violentée, humiliée, sacrifiée enfin, mais c'est le prix à payer sans doute quand on veut accéder au pouvoir, absolu en ce cas, quand on accepte l'inacceptable, et qu'on pense que l'amour justifie tout ! Sotte Clara qui voulut suivre son Benito jusqu'au bout !Il y a vraiment de quoi frémir d'horreur parfois, rien que d'y songer : l'amour aveugle, et sourd qui se fait complice muet de crimes abominables ! cet amour là a du sang sur les mains ! Un bon job femme de dictateur ?? Pas si sûr, croyez-m'en ! Je ne m'attarde pas à relire ou corriger ce petit billet, car on m'appelle à l'étage et cela n'attend pas ! Il y a d'autres guerres à arbitrer ! Dès que j'en ai fini de ces petits tyrans là, je continue ma lecture ! * "Femmes de Dictateur", de Diane Ducret chez Perrin et en Pocket

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