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3EME DEPECHE : LE DEFENSEUR DES DROITES par Jules Elysard

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Le pari du président est que la France est à droite comme sa montre est à l’heure et la cuisine au beurre. Peut-être n’a-t-il pas tort et que la France des propriétaires se lèvera comme un seul homme contre le danger communiste incarné ici par un falot social démocrate ? On peut se demander si la théorie des trois droites aura survécu à son auteur, René Rémond, qui est mort le 14 avril 2007, à la veille du premier tour des dernières élections présidentielles. Cet auteur n’avait-il pas lui-même l’intuition que sa triade ne lui survivrait pas ? En 2005 déjà, dans Les Droites aujourd'hui, sa perspicacité lui permet de remarquer que « La droite que j’appelais “légitimiste” (…) n'existe plus guère que comme une survivance archaïque et davantage comme école de pensée que comme expression d’une force politique. » Certes, il écrit aussi que « « La distinction entre les deux autres droites, “orléaniste” ou libérale, et “bonapartiste” ou autoritaire, est plus vive que jamais » . Mais cette distinction n’est devenue qu’ une courtoisie, avec la Vème République, l’orléaniste Pompidou succédant dès 69 (année érotique) au bonapartiste de Gaulle dont il avait été le Ministre principal , quoique contesté par les barons et les grognards. Lui succéda un membre affirmé de la famille orléaniste et, on ne sait trop pourquoi, il avait sa campagne sur un air bonapartiste (et peut-être prémonitoire) : le Chant du départ. Le souverain suivant, quoique socialiste, paraîtra légitimiste en diable. Mais dès la première campagne du roi Valéry, les deux droites, bonapartiste et orléaniste, se mélangées en se déchirant (ou déchirées en se mélangeant). L’aventure commença lorsque le clan bonapartiste se scinda, soutenant l’orléaniste Giscard contre un maréchal d’empire retiré à Bordeaux. Deux ans plus tard, le hussard corrézien se retourna contre le souverain, lui demandant : « Qui t’as fait roi ? ». Il favorisa ainsi l’avènement du roi François. Pendant le long règne de François 1er, les deux droites continuèrent de se mélanger et de se déchirer au sein même du parti prétendument gaulliste. François 1er sut utiliser cette situation à son avantage et même susciter le développement d’une droite nationale populaire. Balladur et Chirac, enfants du pompidolisme et amis de trente ans, illustrèrent cette confusion. Le premier, orléaniste égaré dans la parti bonaparto-gaulliste ; le second, colonel devenu général, encore un peu lieutenant, toujours hussard. Même si René Rémond poursuit en écrivant que sa distinction entre « les deux (…) droites, “orléaniste” ou libérale, et “bonapartiste” ou autoritaire, est plus vive que jamais : toute l'histoire des droites sous la Ve République s'ordonne autour de leurs rapports », il en vient lui même à se demander si « le moment n'est-il pas venu d'enregistrer la naissance ou de prendre acte du passage à droite d'autres composantes du spectre politique et idéologique ? » Et il conclut : « La question se pose pour la démocratie d'inspiration chrétienne comme pour tel rameau du radicalisme. » Wikipéd dresse un portrait sans complaisance du théoricien des droites : « Catholique conciliaire, sans agressivité ni complexes, René Rémond s’inquiétait de "l’appauvrissement du catholicisme en ressources humaines" dont une des conséquences est le repli de l’engagement catholique sur les "besoins de l’Église" au détriment du service de la société. (Citations de son livre Chroniques françaises 1973-2007 (Bayard)) S’il avait survécu, il aurait pu suivre les aventures « centrales » de François Bayrou et les aventures « radicales » de Jean Louis Borloo. Mais il n’aurait pu échapper non plus au progrès du Front National. René Rémond répugnait à reconnaître la réalité d’un fascisme français » , en dehors du Parti populaire français. Mais cette question du « fascisme français » prend tout son sens avec le « nouveau » Front National. En effet, Jean Marie Le Pen n’envisageait pas sérieusement de mettre fin à une carrière d’opposant et ses références à la Seconde Guerre mondiale étaient des clins d’œil au nostalgiques du nazisme qui étaient actifs dans ses rangs. Sa fille, qui peine à le tuer symboliquement, ne pourra sans doute pas participer à une majorité de droite (et même à une minorité de droite) tant qu’il sera vivant et en état de nuire. Mais , au sens historique, elle est en train de fonder un fascisme à la française. C’est ainsi que Claude Guéant n’a pas hésiter à déclarer, pour celles et pour ceux qui connaissent l’histoire du siècle dernier, que le Front National était devenu un parti « nationaliste et socialiste ». Et dans la bouche de ce policier, le qualificatif le plus grave est le second, évidemment. S’il échoue dans cette mission impossible de défenseur des droites, Nicolas Sarkozy passera-t-il dans l’histoire pour leur pourfendeur involontaire (pour employer le mot de son ami Douillet) ? Juppé, qui a déjà annoncé un congrès de l’UMP, n’est loin de le penser. Copé, qui veut garder la main sur la dite UMP, affiche un soutien sans faille à son meilleur ennemi jusqu’à batifoler avec Carla quand son époux cause sur la tribune. Fillon, fidèle à son habitude, attend son tour et pense qu’il sera le troisième larron pour récupérer cette UMP. Mais sera-t-elle alors autre chose qu’une chose qu’une Union Mal Partie ? François Bayrou et Marine Le Pen seront peut-être en mesure reconstruire deux droites sur ses débris, l’une national-populaire, l’autre démocrate-chrétienne. Et François Bayrou, même s’il aura été contraint de rallier un François Hollande triomphant en 2012, pourra s’opposer à lui avec succès en 2017, se rappelant que le centre n’est ni à gauche, ni à gauche. http://lexpansion.lexpress.fr/economie/presidentielle-le-nouveau-bayrou-chantre-du-ni-gauche-ni-gauche_275800.html

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