[paru dans « La Dépêche du Midi » larticle suivant :
« ven 06 avril 2012 , Toulouse, hôpital Purpan , un homme a été défiguré, agressé par la malade quil venait visiter, celle-ci lui ayant jeté au visage un lourd pot de bronze. Il est dans le coma. Le pronostic vital est engagé.
Lenquête est en cours ainsi que lexamen dune lettre retrouvée dans la poche de la victime »]
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voici cette lettre
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« Mon cher amour,
Oui, mon chéri je continuerai de tappeler mon amour car même si avant-hier tu mannonçais par téléphone ta volonté de me quitter définitivement (ce que je ne parvenais pas à croire), tu viens tout de même de moffrir cet énorme bouquet de roses et son joli pot de bronze.
Et cela, mon amour, ne te fais pas de bile, foi de cholagogue je ne loublierai jamais !
Je me revois, alors que je me rendais chez toi pour une explication de vive voix, oui je me revois très bien, étendue sur lasphalte du trottoir, tentant douvrir loeil et découvrant que je me laissais en fait chevaucher par ces magnifiques fleurs odorantes et par leurs pétales épars.
Dans le même temps, je sentais cette douleur fugace mais vive sinsérer insidieusement entre ma quatrième cervicale et mon os pariétal, comme si un objet dur venait de me heurter la tête.
Mon conscient et même mon inconscient avaient beau mindiquer de façon irréfragable ma réelle insénescence, jétais pourtant étalée par terre, ton joli pot de bronze contre moi mon amour, mais incapable de tout mouvement pour me relever.
Je réussissais tout juste à poser quelque regard concupiscent sur ce lit de délicates fleurs qui me rappelait ton attachement passé.
Que de doux souvenirs teintés dobscène, nos ébats me revenaient soudain en mémoire
Oh tes irrumations délicieuses !
Mais cette douleur à la tête continuait de mimpressionner beaucoup.
Je me tâtai la nuque lorsque lune de tes paroles me revint en mémoire
Ah tes mots mon amour, toujours puisés dans notre patrimoine littéraire.
Des mots justes, dits de cette voix mâle, grave, légèrement éraillée.
Des mots dits de cette voix dItalien quand il sait quil aura de lamour et du pain.
Oui jentends encore ta voix chaloupée et racée me dire : « Il y a des gens qui vous laissent tomber un pot de fleurs sur la tête dun cinquième étage et qui vous disent je vous offre des roses »
Cest à ce moment là, toujours vautrée entre pâmoison et déraison, que levant les yeux au ciel, je taperçus mon chéri !
Un, deux, trois
oui à la fenêtre du cinquième étage, notre fenêtre encore avant-hier, tu me souriais de là-haut mon amour !
Et, oh oui chéri, je reçus comme une obole, cette ultime rose que tu voulus bien me jeter encore
Je la tenais serrée contre moi lorsque jentendis retentir la sirène de lambulance.
Cest de mon lit dhôpital que je técris mon amour.
Viens me voir chéri, je garderai toujours la dernière rose que tu mas envoyée mais je voudrais te rendre ce vase de bronze, le plus lourd de ta collection, auquel je le sais, tu tiens tant.
Viens, je tattends. »
Eléna
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