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à mon cher amour ... par Elena21

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[paru dans « La Dépêche du Midi » l’article suivant : « ven 06 avril 2012 , Toulouse, hôpital Purpan , un homme a été défiguré, agressé par la malade qu’il venait visiter, celle-ci lui ayant jeté au visage un lourd pot de bronze. Il est dans le coma. Le pronostic vital est engagé. L’enquête est en cours ainsi que l’examen d’une lettre retrouvée dans la poche de la victime »]…. … voici cette lettre …. « Mon cher amour, Oui, mon chéri je continuerai de t’appeler mon amour car même si avant-hier tu m’annonçais par téléphone ta volonté de me quitter définitivement (ce que je ne parvenais pas à croire), tu viens tout de même de m’offrir cet énorme bouquet de roses et son joli pot de bronze. Et cela, mon amour, ne te fais pas de bile, foi de cholagogue je ne l’oublierai jamais ! Je me revois, alors que je me rendais chez toi pour une explication de vive voix, oui je me revois très bien, étendue sur l’asphalte du trottoir, tentant d’ouvrir l’oeil et découvrant que je me laissais en fait chevaucher par ces magnifiques fleurs odorantes et par leurs pétales épars. Dans le même temps, je sentais cette douleur fugace mais vive s’insérer insidieusement entre ma quatrième cervicale et mon os pariétal, comme si un objet dur venait de me heurter la tête. Mon conscient et même mon inconscient avaient beau m’indiquer de façon irréfragable ma réelle insénescence, j’étais pourtant étalée par terre, ton joli pot de bronze contre moi mon amour, mais incapable de tout mouvement pour me relever. Je réussissais tout juste à poser quelque regard concupiscent sur ce lit de délicates fleurs qui me rappelait ton attachement passé. Que de doux souvenirs teintés d’obscène, nos ébats me revenaient soudain en mémoire … Oh tes irrumations délicieuses ! Mais cette douleur à la tête continuait de m’impressionner beaucoup. Je me tâtai la nuque lorsque l’une de tes paroles me revint en mémoire … Ah tes mots mon amour, toujours puisés dans notre patrimoine littéraire. Des mots justes, dits de cette voix mâle, grave, légèrement éraillée. Des mots dits de cette voix d’Italien quand il sait qu’il aura de l’amour et du pain. Oui j’entends encore ta voix chaloupée et racée me dire : « Il y a des gens qui vous laissent tomber un pot de fleurs sur la tête d’un cinquième étage et qui vous disent je vous offre des roses » C’est à ce moment là, toujours vautrée entre pâmoison et déraison, que levant les yeux au ciel, je t’aperçus mon chéri ! Un, deux, trois … oui à la fenêtre du cinquième étage, notre fenêtre encore avant-hier, tu me souriais de là-haut mon amour ! Et, oh oui chéri, je reçus comme une obole, cette ultime rose que tu voulus bien me jeter encore… Je la tenais serrée contre moi lorsque j’entendis retentir la sirène de l’ambulance. C’est de mon lit d’hôpital que je t’écris mon amour. Viens me voir chéri, je garderai toujours la dernière rose que tu m’as envoyée mais je voudrais te rendre ce vase de bronze, le plus lourd de ta collection, auquel je le sais, tu tiens tant. Viens, je t’attends. » Eléna

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