Au commencement, je me souviens, je disais que cétait ça « les moments entre parenthèses ».
Je disais que lamour avec toi cétait vraiment quelque chose ! je te le dis cette fois encore, un peu fiévreuse, la tête posée sur ton épaule, et toi tu ris et tu dis que je suis ivre. Cette intensité, bien sûr on nen est pas dupes, on la doit à la rareté de nos rencontres. Cest toi qui las voulu ainsi. Se retrouver comme ça, au milieu de la nuit ou dans laprès-midi, cela na pas de prix : cest toujours un moment fort, une heure de grâce : cétait forcément plus beau, plus dense, et forcément chacun y met le meilleur de lui-même. Il se mêle dans nos retrouvailles et à chaque fois, quelque chose de plus, de différent, de nouveau. Je me le répète à chaque fois, comme pour ne jamais loublier.
Il y a toujours cette envie surtout que ce soit beau. Que les choses viennent. Simplement, sans complication, sans effort. Comme une rivière
cest toi qui le dis
surtout à voir le lit défait, les vagues blanches du drap, les coussins emportés sur le tapis, et nos corps saturés de cette rosée fine de lamour. Et puis ce lit qui tangue comme un radeau, au milieu de nulle part.
Il y a le désir toujours un peu avide. Sauvage. Abrupt. Je sais que tout de suite tu me jetteras en croix sur le lit et que tu partiras à ma recherche entre mes cuisses ouvertes, jusquà ce que je crie, et te supplie de venir te répandre dans ma bouche, léternelle assoiffée.
Nul besoin de tergiverser
Le désir impatient nous devance. Nous reprenons toujours là où nous en étions restés. Tout ce qui a pu se passer entre temps, ta vie à toi, ma vie à moi, tout est effacé. Il ne reste rien des jours et des semaines que nous avons du vivre séparés. Cela ne compte pas. Tout ce que nous avons vécu, chacun de notre côté, disparait dans cette unique heure damour.
On ny songe jamais, nest-ce pas, à quel point le sexe efface lavant et laprès. Rien nexiste plus. Tout est comme effacé. Des morceaux entiers de vie parfaitement anéantis. Le quotidien, le passé, les anecdotes de lexistence sont comme engloutis.
La vraie vie en somme cest là, entre nous, et tu le sais toi, ce moment moite de nos peaux, cette fureur qui me prend, ce besoin de me cramponner à toi, de me noyer dans toi, et toi tout pareil, avec cette rage de me prendre et de me labourer le ventre.
Cest la vie ordinaire , lautre, la quotidienne, en vérité, que nous mettons chaque fois entre parenthèses. Cette vie là que nous froissons fébrilement entre nos mains, nos bras, et nos jambes, jusquà la faire disparaître
Les moments simples de la vie, ou malheureux, ou trop lourds
.nous les déchiquetons comme des petits papiers de soie, il ne reste rien.
Et alors que tu me touches, que ta main lentement saventure à nouveau dabord entre mes seins, puis va et me cherche, et me trouve
je crois presque entendre battre la vie, la vraie, au creux de tes doigts
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