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La Parenthèse par La Loba

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Au commencement, je me souviens, je disais que c’était ça « les moments entre parenthèses ». Je disais que l’amour avec toi c’était vraiment quelque chose ! je te le dis cette fois encore, un peu fiévreuse, la tête posée sur ton épaule, et toi tu ris et tu dis que je suis ivre. Cette intensité, bien sûr on n’en est pas dupes, on la doit à la rareté de nos rencontres. C’est toi qui l’as voulu ainsi. Se retrouver comme ça, au milieu de la nuit ou dans l’après-midi, cela n’a pas de prix : c’est toujours un moment fort, une heure de grâce : c’était forcément plus beau, plus dense, et forcément chacun y met le meilleur de lui-même. Il se mêle dans nos retrouvailles et à chaque fois, quelque chose de plus, de différent, de nouveau. Je me le répète à chaque fois, comme pour ne jamais l’oublier. Il y a toujours cette envie surtout que ce soit beau. Que les choses viennent. Simplement, sans complication, sans effort. Comme une rivière………… c’est toi qui le dis… surtout à voir le lit défait, les vagues blanches du drap, les coussins emportés sur le tapis, et nos corps saturés de cette rosée fine de l’amour. Et puis ce lit qui tangue comme un radeau, au milieu de nulle part. Il y a le désir toujours un peu avide. Sauvage. Abrupt. Je sais que tout de suite tu me jetteras en croix sur le lit et que tu partiras à ma recherche entre mes cuisses ouvertes, jusqu’à ce que je crie, et te supplie de venir te répandre dans ma bouche, l’éternelle assoiffée. Nul besoin de tergiverser… Le désir impatient nous devance. Nous reprenons toujours là où nous en étions restés. Tout ce qui a pu se passer entre temps, ta vie à toi, ma vie à moi, tout est effacé. Il ne reste rien des jours et des semaines que nous avons du vivre séparés. Cela ne compte pas. Tout ce que nous avons vécu, chacun de notre côté, disparait dans cette unique heure d’amour. On n’y songe jamais, n’est-ce pas, à quel point le sexe efface l’avant et l’après. Rien n’existe plus. Tout est comme effacé. Des morceaux entiers de vie parfaitement anéantis. Le quotidien, le passé, les anecdotes de l’existence sont comme engloutis. La vraie vie en somme c’est là, entre nous, et tu le sais toi, ce moment moite de nos peaux, cette fureur qui me prend, ce besoin de me cramponner à toi, de me noyer dans toi, et toi tout pareil, avec cette rage de me prendre et de me labourer le ventre. C’est la vie ordinaire , l’autre, la quotidienne, en vérité, que nous mettons chaque fois entre parenthèses. Cette vie là que nous froissons fébrilement entre nos mains, nos bras, et nos jambes, jusqu’à la faire disparaître …Les moments simples de la vie, ou malheureux, ou trop lourds….nous les déchiquetons comme des petits papiers de soie, il ne reste rien. Et alors que tu me touches, que ta main lentement s’aventure à nouveau d’abord entre mes seins, puis va et me cherche, et me trouve… je crois presque entendre battre la vie, la vraie, au creux de tes doigts…

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