Tout se bouscule dans ma tête. Il est parti pour toujours. Il ne m'a rien dit , il ne pouvait pas ou plus. Je suis allée le voir, un dimanche, il y a quinze jours. Quinze jours et quinze nuits d'une longueur infinie. Je l'aime. Il est parti . Je l'ai revu à quelques heures de son départ, couché comme un enfant, seul, recroquevillé; tordu par la souffrance, il m'a fait le signe de croix, j'ai compris.
Il a été toujours trop loin, à mes yeux. Là, maintenant je le sens enfin près de moi.
Je l'aime.
Papa je t'aime.
Amoureux de ma mère, tu le fus jusqu'au bout. Elle ne te le rendis pas, mais tu persistas.
Que cela me fit mal de te voiir sans cesse humilier.
J'aurais tant aimé que tu prennes ta place de père.
Pourtant tu en as mené des guerres de par le monde.
Mais celle-là tu ne la gagnas pas.
Papa je t'aime.
La Nature fut ton ultime refuge : jardins sublimes, parties de pêche qu'en solo, cueillettes acharnées de cèpes pendant lesquelles tu t'ingéniais à nous semer pour être le premier et dernière mais non la moindre, la protection des oiseaux tes amis.
Tout ce qui venait de la Terre, tu l'aimais. Tu en retins beaucoup de bonheur et de reconnaissance.
Papa je t'aime.
Je veux croire que nous nous parlerons un jour.
Atttends moi quelque soit le lieu.
Tu ne m'as pas vu grandir, militaire absent.
M'as tu aimée ?
Oui tu me l'as dit pour la première fois , j'avais cinquante ans.
J'aurais aimé le savoir plus tôt.
J'ai donc grandi sans toi et alors je me suis éloignée pour mieux revenir.
Papa tu me manques.
Muriel
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