Un enfant est un Dieu, cruel et adorable :
Un champ de blés
du blond, du brun, du roux, du noir,
Nous pissions et lor coulait que lentonnoir,
Avalait goulûment en rotant comme un diable.
Quil est joli le temps des petites blessures,
« Merlusse » avait au cul
collés, des pique-curs,
Gamins nous avions de même nos rancoeurs,
Nos fiertés meurtries par les trous aux chaussures.
Tous les petits tracas, les soucis, les vétilles.
Une bille échouée en tombant dans légout,
Emportant sans retour la joie et le bagout :
« Jai voulu rebondir sur la bouche des filles ! »
Certains sautaient si forts pour chasser un nuage,
Qui dansait, rebondi, dans les flaques les soirs
Tremblaient au creux des lits, si seuls et les espoirs
Seffaçaient quand le pion délivrait son message.
Chacun de ses talons martelaient ton courage :
« Elle ne viendra pas ! » Des mots si anodins,
Que tu voudrais, gamin enterrer aux jardins,
A grands coups de sanglots, de rires et de rage.
Sous le matelas mou, grinçant et cacochyme,
A côté des photos où les bras sont des fleurs
Aux tiges de satin, quand les nuits sont en pleurs
Et que plus rien nendort une peine anonyme.
Ne pleure pas le ciel garde vos promenades,
La goutte sur ton nez qui tombe et qui fait « ploc ! »
Sa main qui recousait ton chagrin et ton froc,
Au large des étés noyés de limonades.
Un enfant est un Dieu, cruel et adorable :
Un champ de blés
du blond, du brun, du roux, du noir,
Nous pissions et lor coulait que lentonnoir,
Avalait goulûment en rotant comme un diable.
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