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Consommez ou mourrez ! par The Dreamer

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L'idéologie gestionnaire est la nouvelle religion de l'entreprise, elle est moins un pouvoir autoritaire, qu'une incitation diffuse à l'investissement illimité de soi dans le travail afin d'asseoir le besoin de reconnaissance supposé des employés. «Soyez votre propre patron ! Votre propre entreprise !» - Le but clairement visé : dédouaner la responsabilité de l'entreprise de tout échec ultérieur. Si vous échouez vous êtes seul responsable. Le capitaine sur son navire est le dernier à le quitter. Vous devez donc gérer votre carrière. Le but : instiller dans les esprits une représentation de la société et de la personne humaine amenant les individus pour se réaliser personnellement à se jeter à corps perdu dans la lutte dans une course effrénée à la productivité. La «robotisation de l’humain» : toujours plus haut, toujours plus rapide. Travailler sans penser. Le moi de tout un chacun devient un capital positif qu'il se doit de faire fructifier. Ce climat pernicieux de compétition engendre dans la société et le monde de l'entreprise une culture de la performance. Le climat de compétition qui en découle place les individus sous une pression constante. Le travail tel qu'il existe de nos jours, vise à entraver le développement de la raison, des désirs, du goût de l'indépendance des individus, leur faisant même oublier la notion de courage. Empêchant l'individu de raisonner : «il n'a pas à exprimer son désir. Seulement à participer à l'effort productif de la nation !» Le travail dans la grande majorité de nos sociétés est passé d’un stade de subordination à celui d’inféodation. Il devient avec le temps antinomique avec toute notion de liberté, usant la force nerveuse dans des proportions importantes, la soustrayant à la réflexion, à la méditation, aux rêves, il place toujours devant les yeux un but : satisfaire aux exigences d’une hiérarchie et surtout : être productif. L'entreprise devient une entité souveraine, monstre hideux qui dévore ses enfants. De nos jours, le harcèlement se banalise, qui ne supporte pas cette pression est jugé asocial, contre-productif, n'a pas «l'esprit d'entreprise» - J’abhorre l’esprit d’entreprise qui fait que la masse doit penser ce que pense la hiérarchie. Le travail appauvrit moralement et spirituellement l'homme, le diminuant irrémédiablement avec le temps au rang d'animal soumis, courbant l'échine pour garder un semblant de dignité. Il suffit pour s’en souvenir, de voir ce que viennent de faire les salariés de Continental Automotive France sous la pression du chantage à l’emploi : serrer encore plus les chaînes qui les entravaient en acceptant à 83 % une réduction de 8 % du coût du travail demandé par l’entreprise en échange d’un maintien hypothétique de l’emploi jusqu’en 2015. Les hommes ne croient plus en Dieu mais on leur a offert une nouvelle religion : l’entreprise. Un constat s’impose : la nouvelle règle de négociation sociale et économique de la France est en train de prendre dans certaines entreprises pour médium, le chantage. Je l’avais annoncé dans un commentaire publié en 2007… et ce n’est à mon avis que le début. «La révolte, la révolution, s’est pour demain !» - «Non pas encore !» - Les gens n'ont pas assez soufferts. La rue réagira massivement, le jour où la prise de conscience sera collective, mondiale et non nationale. Jusqu'à présent elle reste fragmentaire, circoncise aux individus traversant des difficultés au quotidien. Pour éviter les comparaisons transnationales, les gouvernements font preuve de prudence et au besoin travestissent la réalité sociale dans les autres pays (surtout si celle-ci est meilleure que celle de la France). Le flou est préconisé. Surtout ne pas créer une culture mondiale de la contestation en étant trop informatif. En redistribuant aux entreprises une grande part des maigres salaires qu’ils versent par le biais de notre consommation : l’alpha et l’oméga d’une société qui perd son âme, nous nous enfermons dans le système qui nous tyrannise. Je consomme donc je suis, la fièvre acheteuse est devenue le premier anti-dépresseur ! Nous sommes fous : nous finançons nos bourreaux afin qu’ils continuent à nous exploiter. Ces derniers ne manquent pas de se plaindre «la consommation baisse», leur rêve : que tout notre revenu fonde dans celle-ci. Même si les gouvernements nient la part importante de l'action de consommer dans la survivance du système, tous les économistes sérieux savent les conséquences désastreuses qu'entraînerait une régression massive de celle ci. Si demain une prise de conscience amenait une baisse importante et consentie de notre consommation : le chantage à la suppression d'emplois arriverait vite, très vite. Et la mort programmée du capitalisme tel que nous le connaissons ne serait peut-être plus très loin. Consommez ou mourrez ! Il serait temps de se poser la question de savoir pourquoi ce besoin d’acheter, de consommer ? Un début de réponse : notre manque de satisfaction dans la vie quotidienne appelle un réconfort qui se traduit par le besoin compulsif et quasi enfantin de se faire plaisir : nous conjuguons le verbe acheter à tous les temps et pendant ce temps nous nous vendons. George Bernard SHAW: «L'esclavage humain a atteint son point culminant à notre époque sous forme de travail librement salarié». Ce grand écrivain et critique littéraire, prix Nobel de Littérature en 1925, avait dans la seconde moitié du 19e siècle dénoncé les ravages à venir du capitalisme. Dommage personne n'a voulu l'écouter.

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