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Garde à lu par Kawouak

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- Vous savez pourquoi vous êtes là Monsieur Davier ? …et d’abord on ne s’est pas présenté : nom, prénom, adresse ! - Non ! - Quoi non ! - Vous me demandez si je sais pourquoi je suis là, alors je vous dis « non », non je ne sais pas pourquoi je suis là ! - Vous commencez fort bien notre entretien Monsieur Davier, je sens qu’on va s’entendre à Merveille, tous les deux ; Voyez-vous Davier, j’ai fait profession de mettre de l’ordre un tant soit peu, aussi en cherchant bien avec vous dans le fouillis de votre cervelle ; il se trouve, Davier, que dans ce pays de Merveilles, vous faites un bon lapin, un bon lapin pas trop pressé …et ça tombe bien, j’ai le temps chronophage avec moi. Alors je reprends Davier, Nom, Prénom, profession ! - Davier Bernard, 3 rue des Martinets à Moulinsart, mais pas au château pour autant, hein ! - Attendez, laissez-moi deviner had hoc votre profession Davier : menteur comme un arracheur de quenottes ! - Et bien non, Monsieur le commissaire, je ne joue pas à la roulette, pourtant j’ai mon vélo qui me va si bien sur deux roue ! Commissaire, ô commissaire, c’est comme si je m’étais appelé « faucille », alors vous m’auriez pris pour un faucheur de Colza trans-gènique en anhélation …avec la pipe en bois, ah ah ! - Davier, ya pas de gêne, c’était pour blaguer héhé, histoire de vous mettre un peu dans le bain ; Davier, le bain ? …vous le saviez que la victime n’avait plus toutes ses dents ? - Non Commissaire, je le savais pas, et pourquoi ça qu’elle a perdu ses dents, elle était un vieux râteau qui ramassât trop de l’oseille… oh que c’est mortel, l’Hiver ! Monsieur le commissaire, je peux être un tantinet drôle quand je suis assis, comme une chenille sur un champignon, ou comme une tortue à tête de veau ... - Wouais Wouais Wouais !!! - Pourquoi vous faites trois fois wouaih commissaire ? - Non, voyez-vous Monsieur Davier, je n’ai jamais pu supporter les arracheurs de quenottes ! - Commissaire, je vous dis que suis pas dentiste, je fais pas dans le plomb qu’on distille à l’arrosage, non plus dans la plomberie qu’on en arrose au septième à la belle madame ; oh que c'est dommage, je suis thuniste, commissaire, tout simplement thuniste, et je coure après la thune commissaire, et je ne la trouve pas vraiment là où j’aimerais qu’elle soit, la thune, dans ma poche… -Assez rigolé Davier, soyons clair, soyons simple et pragmatique, que faisiez-vous dans la soirée du 20 juin entre minuit du soir et 1 heure du matin ? - Je lisais, je lisais… des bleus à l’âme…devant la télé, je ne peux pas vous dire le programme ! - Comment ça, lire devant la télé, Davier ? - Je pourrais vous dire que c’est à cause d’Eléonore avec qui j’eusse fais ma petite branlette ‘télectuelle, mais ce serait vous arracher bien dans le fond, une profonde sagesse … Aussi je préfère vous dire qu’il y a de multiples effets pour de minimes causes, et comme le papillon, je me fais beaucoup de l’effet, mais je n’en sais point la vraie cause, commissaire ! Monsieur le commissaire, croyez-vous en dieu, en dieu qui partage le monde en deux ?…comme Moïse partageant les flux… - Davier, vous savez, il y a des chambre hautes et des chambres basses et un tas de lois qui font la navette entre les deux, Davier, on me paye pour mettre un filet rouge entre le bon thon et le méchant barracuda... - Excusez-moi, commissaire, vous me faites penser à un comique, ça doit être à cause du nez fin, et le comique disait… Oh, c’était bien après Corneille : « Je partage en deux, les riches auront l’allergie, les pauvres de la boursoufflure », ou un truc comme ça … »auront de l’abrutis, les pauvres de la bitture »…, attendez… « auront de la joie, les pauvres de la hâchure »…ça doit être un truc comme ça, c’est ça, il aurait joué sur la lettre J qui précède la lettre H , en nous laissant entendre que les pauvres seront toujours servies après les riches…et quand il en reste encore … de la friture, et c’est comme si les riches avaient droit à tous se bouffer de la joie en confiture à la frite … et qu’il en reste que la Haine, pour les pauvres en déconfiture à la pêche …les riches auraient Spinoza et les pauvres Descartes pour se triturer les doutes dans l’âme … - ça, pourquoi des cartes ? - Pardi, pour jouer à la belotte, commissaire, ou que sais- je, au rami dans les calles, à la grosse bataille, oui, à la bataille, à suivre un fantômatique général bicorné tout bouffi de lui-même, et le suivre jusqu’à Moscou, à piétaille, à cheval en vapeur, en chariot à roue et même pas avec un transsibérien, mais tout ça dans une époque de ronchons, de hussards, de grognards qui se confondraient les orteils avec les glaçons de la Bérézina…haha ! - Davier, vous vous foutez de moi ; ah ça, vous n’êtes pas sans savoir que la victime a été retrouvé humidifié …dans l’eau froide et bien froide, et allongé dans l’herbe à plat ventre …. - Avec un peu de soleil par dessus tout ça, n’est-ce pas commissaire ! Ah je vous vois venir monsieur le commissaire, vous allez me dire qu’elle portait des gants, en peau de chèvre ou de levreau, tiens par exemple, en pécari pourquoi pas ! - Et Vous levraudez Monsieur Davier, Vous levraudez bien … - Comme vous et moi, commissaire, je levraude avec ma chienne de maîtresse, comme la chanson il faut bien passer le temps à quatre patte pour se calmer le petit nerf, commissaire ! - Davier, 3 rue des Martinets, si j’étais vous, je me ferais du mauvais sang, et en sus, je me ferais de la bile, ma foi en prévision d’un sacré manque de peau ! - Commissaire, je pense à votre énigme, croyez-vous qu’on puisse croiser sur le macadam le lièvre des steppes, avec le loup de Vatanen ? - Davier, vous me surprenez de plus en plus, vous sauriez donc qu’on avait retrouvé la victime sur la route ? - Sur la route du départ ou sur la route du retour ?... ivre de vin perdu, pour solde de tout compte, l’écume… - Cessez là, Davier, vous me foutez sur une fausse piste ou je commence à comprendre que vous en avez une grosse tête d’ail; Davier, je sens que vous allez me faire le coup du chien de Baskerville ; je connais mes classiques monsieur de roule ta fraise … - Commissaire très drôle ; entre vous et moi, vous saviez qu’elle s’appelle Marylise ? - Davier, vous connaissez le prénom de la victime ! - Commissaire, je sais très bien ce que vous pensez, et je sais aussi que vous cachez dans un de vos tiroirs une belle paire de ferrures, et qu’avec une paire de menotte en dur on ne vient pas à bout du chien, car il est sans collier le chien, commissaire, et il se met volontiers à votre table et vous dégoise un rapport sur les choses de la vie …vous savez, bistourner les choses de la vie, commissaire ce n’est pas beau à voir ! posséder le démon de Socrate, voilà un truc qu’il me sied de ne point me voir en la prison des mirages … Mais Monsieur le commissaire, bien entendu que je sais qui est le coupable, le fâcheux responsable de cette psychotique tuerie ! Arrêtez-moi si vous me flairez, mais je vous en prie commissaire, revoyez vos listes, consulter les suspects sur vos listes … Ou alors, Monsieur le commissaire, si vous vous mettiez à relire les aventures d’Astérix, en commençant par le premier, bien entendu commissaire, vous prendriez du dolmen, du lourd …et si je ne m’abuse pas avec les jeunes filles… aussi, loin de moi l’idée de les attraper avec le cœur… Enfin, Monsieur le commissaire, vous me faites penser à ce bègue qui répétait à tire-larigot « Abso abso abso luta men men mente ». Commissaire, vous êtes « absolutamente « en surplomb du parapet ; seulement depuis le temps que je vous débite le tout ça tout ça, et tiens, je pense bien qu’il y en ait un de trop du tout ça dans l’ailé, l’ailé gant ! Enfin commissaire, je ne suis pas votre oiseau et puis vous auriez bien peu de la clarté à me mettre à l’ombre, surtout avec un peu de soleil !

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