Un semblant de vie familiale recommençait
Bon an, Mal an Il fallait bien sancrer dans cette nouvelle existence.
Survivre et tacher doublier la Russie, la Crimée et la maison de Yalta, Cyra-tepe
Cira-tepe, et son allée de cyprès qui descendait jusquà la mer.... ou tu courais te jeter .
Mer noire , si bleue ou tu aimais tant nager avec tes fréres
Enfouir tout ceci au plus profond de sa mémoire pour, ne pas mourir de chagrin, et accepter de le garder en soi tapi et prêt à ressurgir, et vous frapper soudainement en vous déchiquetant le coeur de nostalgie.
Le seul vestige de cette maison était une grosse valise remplie de roubles...
Ton père Victor avait vendu la maison avant de quitter la Crimée et sétait retrouvé ruiné à son arrivée en France ou le rouble ne valait rien.Cette valise resta longtemps dans le grenier et ses petites filles jouèrent avec délice à la marchande avec ces roubles maudits
Grand pére Georges , tu devins comme tant d'autres de ta génération ,un étranger sur la terre
Il se trouva que ce fut la France qui te recueillit
Aprés de brillantes études tu te marias. Tu devins ingénieur chimiste à la compagnie des eaux
La principale occupation de ta femme ,ma grand mère, fût d'enfanter
Huit enfants naquirent à peu dintervalle et ma tante surnommée «Koukla » poupée en Russe, refusait que sa mère aille la chercher à la sortie de lécole.
Elle avait honte, car ses camarades disaient que sa mère avait toujours un gros ventre
Le frére de grand pére Michel, avait lui, sept enfants. Les contacts étaient nombreux entre les deux familles. Les cousines et cousins dâge à peu prés similaire étaient souvent réunis et jouaient ensemble avec un grand bonheur
Evguenia , une des filles de Michel me raconta ,quelle faisait avec mon grand père le tour des fontaines de la petite ville de Provence ou ils vivaient alors lorsquil venait y analyser la qualité des eaux .ll leur apportait toujours du chocolat.
Je n'ai pas connu mon grand père ,Georges . ... Je sais que c'était un homme profondément bon, un homme de devoir.Il aidait de son mieux les émigrés russes dans la misère échoués à Nice . Ils y étaient nombreux à vivre ou plutôt à tenter de survivre
Ceci il faut bien le dire souvent au détriment de sa famille...
Ses enfants en étaient blessés et souffraient de le voir se démener pour des étrangers souvent sales et effrayants alors que les siens du fait nétaient pas et loin de là, dans laisance
C'était aussi un homme profondément malheureux, il ne se consolait pas d'avoir perdu sa patrie et plus que tout d'avoir laissé sa mère en Russie.
Heureusement, ses frères étaient là, fait quasiment miraculeux compte tenu des événements terribles qu'ils avaient affronté Ils étaient trés unis Michel,Victor et Georges
La carrière des enfants du Général V.. étaient déjà tracée ,Ils seraient officiers
Puit vint la révolution et l'exode des blancs
Michel et Victor faisaient partie du corps des cadets de Poltava qui s'enfuirent à pied par la Serbie
Georges lui était dans le corps des gardes marines de Sébastopol qui termina à Bizerte
Ils avaient réussi à se retrouver en France avec leur père à Nice. C'était le lieu de ralliement qu'ils s'étaient fixés, mon arrière grand père y ayant effectué de nombreux séjours avant la révolution.
Ils reconstituaient ainsi une part de la famille mais leur manquait cruellement leur frère Nicolas et surtout leur mère Maria qui n'avaient pu s'enfuir de Crimée avec l'armée de Wrangel
Il bâtissait sa vie ici, avait fondé une famille, avait obtenu sa naturalisation, avait un métier mais il était amputé de l'être qu'il chérissait le plus au monde ...Sa mére
Parfois il racontait son départ ou plutôt sa fuite avec le corps des gardes marines ou il apprenait le métier d'officier
Sur le quai de Sébastopol sa mère agitait un mouchoir blanc. Elle devenait de plus en plus petite au fur et à mesure que le bateau s'éloignait.Il scruta longtemps le quai blanc ensoleillé ... ses yeux noyés de larmes.
Pendant quelque temps ils ont pu échanger des nouvelles, puis plus rien n'est lui est parvenu
Il vit dans le passé, ne regarde pas ses enfants grandir, malentendu de l'existence de cet homme aimant ,qui ne peut communiquer aux siens l'amour absolu qu'il porte à sa terre et à ses racines Ses enfants sont Français et n'ont aucune nostalgie et détestent même parfois leur nom à consonance étrangère ,lorsque à l'école on les traite de sales Russes
Ils n'ont rien à voir avec cette Russie dont il leur rabat les oreilles
Il est seul au monde il est orphelin de sa terre ,de sa mère... C'est un exilé
En 1946, le soviet suprême offrit monts et merveilles aux Russes" blancs " de France pour les inciter à rentrer en russie.devenue Union soviétique.
Staline invita les Russes blancs, qui avaient fui la révolution bolchevique en 1917, à reconstruire le pays. Le retour est gratuit, et il leur promet l'amnistie.
Michel et Victor ont décidé de faire partie des Vazvrachenié, c'est-à-dire des Retournants.
Grand père est anéanti, à l'idée du départ de ses fréres. iIl supplie sa femme de partir aussi, mais elle est Française .Elle refuse... Sa vie est ici .
Personne n'essayait de le retenir et en même temps tout l'entravait il aimait sa femme ses enfants
Il devait rester... Même si son âme était là bas auprès de sa mère et de ses frères ,au sein de sa terre natale
Il se résigna et en mourût neuf ans aprés, à cinquante ans
Bon anniversaire Grand père ! Tu aurais 107 ans aujourd hui 22 juillet
Je voulais te dire qu'une part de toi est revenue là , d'ou tu viens... Elle y est ancrée à jamais
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